En Ontario, un protocole de tri des patients a été développé « en catimini » face à l’épidémie de Covid-19. Ce « plan de gestion des lits de soins intensifs » s’appuie sur « un indice de fragilité (clinical frailty scale, en anglais) », fondé notamment « sur l’espérance de vie des patients, leur niveau d’indépendance et s’ils souffrent de maladies dégénératives ». Ainsi, une espérance de vie de moins de six mois interdirait l’accès aux soins intensifs. Et pour les patients avec une espérance plus longue, le classement se base sur « une panoplie d’activités qu’ils peuvent entreprendre sans assistance – comme manger, s’habiller, marcher et se laver ». Un protocole qui « ne serait appliqué qu’en cas de forte hausse de la demande aux soins intensifs » selon un porte-parole du ministère de la Santé.
« En gros, on décide qui vit et qui meurt en fonction de leurs handicaps. Et on place ceux qui ont les handicaps les plus sévères au bas de la liste », s’insurge l‘avocat David Lepofsky, également président de l’Alliance AODA (Accessibility for Ontarians with Disabilities Act). Et selon Roxanne Mykitiuk, professeur de droit spécialisée en bioéthique, à l’école de droit Osgoode Hall de l’Université York, « le protocole est discriminatoire prima facie envers les personnes handicapées ». « Ça n’a rien à voir avec leur état de santé, ni leur capacité de se remettre de la COVID » estime-t-elle.
Une version révisée du protocole qui comprend des « modifications importantes » est à l’étude, selon le ministère de la Santé qui « refuse pour l’instant de la dévoiler ».
Source : Radio Canada, Philippe de Montigny (03/10/2020) – Photo : Pixabay