Des chercheurs de l’école de médecine de l’université de Pennsylvanie ont réussi à mettre en oeuvre une manière plus efficace de générer des cellules souches reprogrammées ou cellules souches pluripotentes induites (iPS) capables de se développer en différents types de cellules du corps. Leurs résultats, publiés dans la revue Cell Stem Cell*, confirment la méthode découverte par Derrick J. Rossi et son équipe du Harvard Stem Cell Institute de Boston en 2010 (Cf. Synthèse de presse du 01/10/11).
"C’est la première fois nous avons été en mesure de produire des cellules souches pluripotentes induites sans les quatre facteurs de transcription [habituellement utilisés] et d’en accroître par 100 l’efficacité" explique Edward Morrisey, co-auteur de l’étude et directeur scientifique de l’Institut Penn pour la médecine régénérative.
Cette nouvelle approche a été découverte au travers d’études sur le rôle des microARN dans le développement des poumons. Le laboratoire d’E. Morrisey travaillait sur un groupe de microARN appelé miR302/367 et jouant un rôle important dans le développement de cellules souches à l’origine de l’endoderme pulmonaire. Il a été signalé que ce groupe de microARN s’exprime aussi largement dans les cellules souches embryonnaires.
Les chercheurs ont fait s’exprimer le microARN en question dans des fibroblastes de souris et ont constaté avec surprise que les colonies de cellules ressemblaient à des cellules iPS. "Nous avons été surpris de constater que cela a fonctionné dès la toute première fois que nous avons tenté l’expérience" mais aussi de voir que "cela fonctionnait de manière beaucoup plus efficace qu’avec la méthode utilisant des facteurs de transcription mise au point par le Pr. Yamanaka" en 2006, déclare Edward Morrisey. Les iPS produites par cette méthode usant de microARN s’avère capables de donner naissance à la plupart, si ce n’est à la totalité, des tissus chez la souris en développement, y compris les cellules germinales, ovocytes et sperme. Les chercheurs travaillent actuellement à redifférencier ces cellules iPS en cardiomyocytes, cellules hématopoïétiques et hépatocytes.
"Nous pensons que cette méthode sera très précieuse pour produire à haut débit des iPS à partir d’échantillons de patients" explique E. Morrisey. Les cellules iPS ouvrent en effet la perspective de pouvoir un jour générer des cellules souches spécifiques aux patients afin d’étudier les maladies mais aussi de créer un "magasin" cellulaire propre à régénérer les cellules d’une personne. "Une génération efficace de cellules souches pluripotentes est primordial en vue de leur utilisation thérapeutique […] Cette nouvelle étude est une étape importante dans cette direction et elle fera également progresser la recherche sur la biologie des cellules souches en général" souligne James Kiley, directeur du département sur les maladies pulmonaires au National Heart, Lung, and Blood Institute.
* Cell Stem Cell, "Highly Efficient miRNA-Mediated Reprogramming of Mouse and Human Somatic Cells to Pluripotency", Frederick Anokye-Danso, Chinmay M. Trivedi, Denise Juhr, Mudit Gupta, Zheng Cui, Ying Tian, Yuzhen Zhang, Wenli Yang, Peter J. Gruber, Jonathan A. Epstein and Edward E. Morrisey, 07/04/11
Science Daily 10/04/11