Campagne de l’ADMD : “des relents de violence qui n’ont rien à voir avec le débat démocratique”

Publié le 9 Mar, 2012

Dans un article publié sur le site internet du Huffington Post, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Sud, dénonce la logique de violence qui meut l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) au travers de sa campagne publicitaire, représentant trois candidats à l’élection présidentielle en situation de fin de vie dans un lit médicalisé (Cf. Synthèse de presse du 07/03/12).

    Avec une accroche cherchant à provoquer le scandale, cette forme de scénarisation vient signifier une "mise à mort publique d’opposants politiques ainsi condamnés du fait des valeurs qu’ils incarnent". Les trois candidats en question ont en effet exprimé leur réticence concernant la légalisation de l’euthanasie, demandée par l’ADMD. La stratégie utilisée par cette dernière pour soulever une polémique "n’a que peu à voir avec la réalité d’un débat démocratique qui concerne les droits de la personne malade en fin de vie". Elle révèle clairement une idéologie soucieuse d’imposer sa vision réfractaire aux principes de dignité et de respect inspirant notre conception du vivre ensemble. Parce qu’elles conçoivent autrement "les responsabilités qui s’imposent auprès d’une personne vulnérable au terme de son existence", ces trois personnalités politiques sont "stigmatisées et comme menacées par une formule qui choque". On perçoit les ressorts violents et indécents de cette stratégie : les auteurs de cette campagne s’arrogent une "position d’autorité qu’ils tentent d’imposer aux politique sous la menace" parce qu’ils sont "démunis d’arguments véritablement recevables et opposés à des avancées constructives, élaborées dans la concertation, avec comme souci ultime le bien commun".

    Emmanuel Hirsch observe que dans le cadre de la campagne présidentielle,  des prises de position approximatives et ambigües voire démagogiques n’ont pas vraiment aidé à une réflexion nécessaire et apaisée visant à améliorer les dispositifs mis en place dans le cadre de la loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie.
En outre, il souligne que sur le terrain de l’expérience soignante, ces controverses portant exclusivement sur l’euthanasie résonnent comme des insultes envers tous ceux qui, touchés par la maladie, veulent vivre et être entendus dans cette revendication. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a en effet condamné cette campagne "caricaturale et simpliste", porteuse d’un véritable "mépris pour les malades et les soignants".

    Le message porté par cette présentation mortifère de personnalités politiques ne peut qu’ "inquiéter tout démocrate". Il permet également de "mieux cerner les motivations des manipulateurs d’opinions qui dissimuleront désormais difficilement leurs véritables objectifs. La dignité et les droits de la personne en fin de vie méritent mieux. Notre démocratie également", conclut Emmanuel Hirsch.

Huffington Post.fr 07/03/12 – Infirmiers.com 07/03/12

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