Bientôt des enfants virtuels ?

Publié le 21 Juin, 2022

Une chercheuse britannique prévoit que, d’ici 50 ans, un marché se développera pour des « enfants Tamagotchi ».

Catriona Campbell, spécialiste de l’intelligence artificielle, annonce dans son livre AI by Design : A Plan For Living With Artificial Intelligence, le futur essor d’« enfants Tamagotchi » [1], reprenant le nom des animaux de compagnie virtuels commercialisés à la fin des années 1990.

Ces enfants virtuels ressembleront à leurs parents, ils seront capables de les reconnaître et de leur répondre grâce à l’analyse de la voix et au suivi du visage. Capables aussi de simuler des réactions émotionnelles. Et quand viendra l’heure du bain ou des câlins, il suffira d’enfiler un gant high-tech pour avoir un retour tactile et ressentir des sensations physiques. Réelles celles-là.

Des enfants qui grandiront aussi en fonction des desiderata de leurs parents, zappant seulement l’adolescence ou les maintenant nourrissons pour l’éternité. Des enfants parfaits en somme ?

Utopie ou dystopie ?

La perspective peut sembler lointaine mais Catriona Campbell l’affirme : « d’ici 50 ans, la technologie aura tellement progressé que les bébés qui existent dans le métavers », cet univers de réalité virtuelle destiné à supplanter l’internet que nous connaissons[2], « seront indistincts de ceux du monde réel ». Si l’on revenait 50 ans en arrière, pouvoir payer avec un téléphone portable qui tient dans la poche nous aurait-il semblé réaliste ?

D’ailleurs il existe déjà une preuve de concept, certes peut-être encore un peu rudimentaire. « BabyX » est développé par la société néo-zélandaise Soul Machines, et vise à « humaniser » l’intelligence artificielle pour la rendre plus attrayante pour le public. Le « cerveau » de ce bébé virtuel est composé d’algorithmes qui déduisent ce qui est bon ou mauvais. Et lui permettent « d’apprendre à réagir aux interactions comme un vrai bébé ». Quant à ses mouvements et ses expressions à l’écran, ils sont conçus à partir de mouvements réels de bébés.

Une réponse virtuelle à des problèmes réels ?

Pour la chercheuse, ce sont les préoccupations liées à la surpopulation qui inciteront la société à adopter les enfants numériques. Que ce soit en matière de surpopulation, de protection de l’environnement ou du coût que représente le fait d’élever un enfant, nul doute que les arguments ne manqueront pas.

Pourtant, ne s’agit-il pas fondamentalement du paroxysme de l’individualisme ? Un enfant si je veux, exactement comme je veux, et quand je veux. Des enfants définis via un abonnement mensuel, que l’on pourra suspendre ou interrompre facilement. Des enfants « pratiques » en somme, comme tout ce que promet –et accomplit– le numérique, de la prise de rendez-vous médical en ligne à la livraison du pot de confiture quand tous les magasins sont fermés.

Mais un enfant est-il un bien de consommation ? Avoir un enfant, n’est-ce pas accepter de se laisser surprendre, bousculer, dépasser ? Les « enfants Tamagotchi » ne sont peut-être pas pour demain, mais ils nous poussent déjà à nous interroger sur ce refus des contraintes, cette apologie du confort, « seule idéologie à faire aujourd’hui consensus »[3], dont notre société est imprégnée.

 

[1] The Guardian, Tamagotchi kids: could the future of parenthood be having virtual children in the metaverse? (31/05/2022) ; Daily Mail, Sam Tonkin, Rise of the ‘Tamagotchi kids’: Virtual children that play with you, cuddle you, and even look like you will be commonplace in 50 years – and could help combat overpopulation, AI expert predicts (31/05/2022)

[2] Gènéthique, « Métavers » : réalité virtuelle mais risques bien réels (22/11/2021)

[3] Usbek & Rica, Présidentielle : et si la quête du confort était la seule idéologie à faire consensus ?, Elena Scappaticci (14/04/2022)

Cet article de la rédaction Gènéthique a été initialement publié sur Aleteia sous le titre : Sur les métavers, mon enfant virtuel « comme je veux »

Photo : iStock

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

monkey-2790452_960_720

Des yeux de singes « réparés » avec des cellules souches embryonnaires humaines

Des chercheurs ont « réparé » des « trous maculaires » chez le singe en mettant en œuvre des cellules souches embryonnaires humaines ...
justice
/ Fin de vie

Après avoir mis le feu au matelas de son grand-père, elle est reconnue « coupable d’assassinat »

Emilie G., poursuivie pour « assassinat sur ascendant », a été condamnée à une peine de 5 ans d'emprisonnement « ...
Pays-Bas : 14 psychiatres demandent l’ouverture d’une « enquête criminelle » après l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans
/ Fin de vie

Pays-Bas : 14 psychiatres demandent l’ouverture d’une « enquête criminelle » après l’euthanasie d’une jeune fille de 17 ans

Les médecins demandent d'examiner « dans quelle mesure les proches de cette patiente vulnérable ont influencé la décision de cette jeune ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres