Alors qu’une marche pour la vie a rassemblé environ 1600 personnes à Bruxelles le 28 mars 2010, le quotidien belge Le Soir évoque la diminution du nombre de médecins prêts à pratiquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG), en dehors des hôpitaux qui effectuent 20% des IVG déclarés en Belgique. Selon Claudine Mouvet, présidente du Groupe d’action des centres extra-hospitaliers pratiquant l’avortement, à Bruxelles et en Wallonie, "on ne compte plus que sur 80 médecins ‘vieillissants’ " pour effectuer des IVG. Les raisons de cette désaffection sont multiples. Le journal rapporte ces propos d’un médecin généraliste : "Je pratiquais jusqu’à huit avortements par après-midi. Par conviction. C’était avant la dépénalisation. Un jour, je n’ai plus pu. J’ai ressenti comme un écoeurement, face à un cas limite. J’ai arrêté du jour au lendemain".
Cette "pénurie" inquiète les partisans de l’avortement. A Liège, les responsables du Centre Louise Michel ont envoyé une lettre aux médecins des environs : "l’IVG paraît souvent triste et dramatique, sa pratique semble lourde et pénible. La réalité est bien différente, même si ce type de consultation est ‘émotionnellement’ remuant". Pour Claudine Mouvet, le petit nombre de médecins acceptant de pratiquer des avortements ne s’explique pas uniquement par une question d’image : "le temps de l’engagement militant, l’époque où l’avortement était illégal, est derrière nous. La dépénalisation a peut-être laissé pensé aux jeunes médecins que le problème était réglé. D’ailleurs, la plupart n’ont jamais été confrontés à l’IVG au cours de leur formation".
Le Soir explique que l’augmentation du nombre d’IVG déclarées en Belgique durant les quinze dernières années ne traduit pas une réelle hausse de la pratique car la part d’avortements non déclarés diminue avec le temps, notamment depuis 2003 avec le remboursement de l’IVG par l’assurance-maladie. Toutefois, un rapport de la Commission nationale d’évaluation de la loi sur l’IVG considère que la situation est "préoccupante" à Bruxelles où se pratiquent 25% des IVG, soit 1 avortement sur 4. Il pointe aussi une hausse des avortements chez les mineures de 10 à 14 ans (avec107 cas durant l’année 2007 contre 83 en 2006). De plus, la part de filles de moins de 20 ans choisissant d’avorter diminue : "pour la première fois […] la moitié d’entre elles décident de garder l’enfant".
Le Soir.be (Ricardo Gutiérrez, Hugues Dorzée) 02/04/10