En février 2002, le professeur René Frydman sollicitait le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) pour donner un avis sur l’extension du diagnostic pré-implantatoire (DPI) en faveur de la création de “bébés-médicament” (cf. revue de presse du 25/02/02). Le CCNE a rendu son avis hier (cf. revue de presse du 08/07/02).
Par la loi de bioéthique de 1994, le DPI sert à détecter la maladie chez les embryons fécondés pour ne conserver que l’embryon sain. En autorisant la création de “bébés médicament”, le diagnostic servirait à sélectionner les embryons indemnes de la maladie mais également présentant une “compatibilité” génétique avec l’aîné malade.
Les membres du CCNE ont estimé que “le désir légitime d’enfant n’est pas le droit à l’enfant-objet. Pas plus que l’on ne doit fabriquer des embryons pour la recherche et le soin, il n’est légitime d’envisager d’entreprendre une grossesse dans un autre but que le bien de l’enfant lui-même.(…) A fortiori, la sélection d’un embryon et la mise en route d’un enfant conçu seulement comme un donneur potentiel, et non d’abord pour lui-même, n’est pas pensable au regard des valeurs qu’a toujours défendues le CCNE”.
Puis le CCNE déclare “en revanche, permettre qu’un enfant désiré représente, de plus, un espoir de guérison pour son aîné, est un objectif acceptable, s’il est second “.
Quant à la décision des parents et au rôle du médecin, le CCNE estime que “(…)dans la sérénité et comme conséquence seconde, il pourrait être envisagé que cet enfant soit un donneur privilégié et contribue ainsi au traitement de son frère ou de sa sœur. Les parents doivent aussi être clairement informés de l’éventualité que des embryons HLA compatibles ne soient pas obtenus. Cette information donnée par la médecine doit anticiper une éventuelle décision de refus de transfert d’embryons sains mais non compatibles, pour permettre aux parents de réfléchir à ce que serait leur décision dans une situation de ce type. La médecine qui se prêterait avant tout à la sélection de l’enfant remède plutôt qu’à la mise au monde d’un enfant pour lui-même perdrait alors une référence éthique majeure“.
(…) “Afin d’inciter les parents à ne pas renoncer définitivement à des embryons sains, sous le motif qu’ils ne sont pas HLA compatibles, le praticien doit s’efforcer de leur faire prendre conscience que la mise au monde d’un enfant ne peut se réduire, même pour sauver leur enfant malade, à l’obtention d’un enfant “remède” “.
Et enfin,“ (…) un embryon sain mais HLA incompatible ne peut être écarté sous ce seul prétexte. Un enfant ne vient pas au monde pour sa seule compatibilité“.
NDLR : Notons que cet avis, tel l’oracle de la Pythie peut être interprété très différemment. “Peut être bien que oui, peut être bien que non” commentent les journalistes. Et si c’était “oui mais non”, ou “non, mais oui”…
Pour compléter cet article, lire en lignel’avis n°72 Réflexions sur l’extension du diagnostic pré-implantatoirele dossier diagnostic pré-implantatoire
Le Figaro (Catherine Petitnicolas) 09/07/02 – Libération (Julie Lasterade) 09/07/02 – La Croix (Bruno Frappat – Emmanuelle Réju) 09/07/02 – RTL info 09/07/02