Avortement en Île-de-France : envers et contre tout

Publié le 22 Mar, 2017

Après avoir publié son bilan, l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France fixe ses objectifs en matière d’avortements et confirme son obstination en faveur du tout IVG.

 

Après la publication de son bilan (cf. Ile-de-France : l’IVG en 5 chiffres), l’ARS[1] d’Île de France a dévoilé son plan régional d’accès à l’IVG. Il s’inscrit dans le cadre de la préparation du Projet régional de santé 2018-2022 (PRS2). Ce plan pour Favoriser la Réduction des Inégalités D’accès à l’Avortement (FRIDA) procède d’une double ambition :

  • Amplifier les actions engagées pour améliorer le parcours des femmes et leur permettre un accès à une offre diversifiée. Des objectifs variés qui vont du développement de l’avortement par aspiration sous anesthésie locale pour assurer aux femmes « la liberté » du « choix de la méthode », à l’organisation d’initiatives locales pour permettre aux femmes de se saisir des questions de « santé reproductive » : contraception et grossesses non désirées.
  • Mettre en place les mesures nouvelles prévues dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé. Elles concernent la réalisation des IVG médicamenteuses par les sages-femmes pour un déploiement de l’offre sur le territoire francilien et des IVG instrumentales en centres de santé sous anesthésie locale. Avec la reprise de la campagne de communication pour « permettre à tous les collaborateurs de l’Agence d’intégrer les orientations stratégiques nationales en matière d’IVG ».

 

Ces actions s’accompagnent chaque fois d’ « actions de formation et de sensibilisation des professionnels ». Un point important pour « positionner l’IVG en tant qu’activité médicale à part entière dans le système de soins, en tenant compte des spécificités requises pour son organisation ».

 

En effet, l’audit menée dans le cadre du programme FRIDA était accompagnée d’une « campagne de contractualisation des établissements de santé ». Celle-ci devait proposer « l’inscription d’un engagement relatif au développement de l’activité dans les établissements où le nombre d’IVG était jugé faible au regard de l’activité totale en obstétrique ». En d’autres termes, il s’agissait, comme le demande désormais la loi (cf. Avortement : l’Assemblée nationale veut imposer des quotas aux établissements de santé et Les députés votent définitivement le projet de loi santé), d’établir des quotas d’IVG proportionnels au nombre de naissance dans les services d’obstétrique. Mais le nombre Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens (CPOM) « concernés par un objectif IVG » s’est avéré faible. En cause, « des orientations visant à limiter le nombre d’objectifs négociés dans les établissements », mais aussi un axe de négociation qui n’a pas été évoqué ou encore le refus de certains établissements de s’engager sur ce thème.

 

Malgré « une approche incitative et pédagogique » pour sensibiliser les directions hospitalières et les équipes d’obstétrique, le rapport constate qu’il faut remobiliser des établissements (notamment l’AP-HP) sur les questions d’IVG. Il est nécessaire « de rester vigilant, en tant qu’ARS, quant au maintien d’une offre diversifiée et de proximité, dans le cadre de la constitution de Territoires (GHT) et de l’élaboration de leurs projets médicaux ».

 

La liste des actions engagées qui devront être poursuivies, développées ou mises en route dans le cadre de ce plan ne concerne que « l’égalité » d’accès à l’IVG. Tout est pensé pour que la femme puisse accéder aux « services de l’avortement » quelle que soit l’époque, le lieu ou la situation personnelle : dans les situations d’urgence, l’été, pour des femmes sans droits… La seule prévention à peine évoquée consiste à valoriser la contraception tous azimuts qui ne fait qu’entretenir les comportements à risques et ne permet pas une maîtrise responsable de la fécondité des femmes : « En 2007, d’après l’enquête sur les IVG de la DREES, deux femmes sur trois ayant eu une IVG utilisaient une méthode contraceptive qui n’avait pas fonctionné, en raison d’un oubli de pilule ou d’un accident de préservatif »[2] (cf. La contraception réduit le nombre d’avortement ? Réponse d’experts). A aucun moment, le rapport n’évoque l’accompagnement des femmes après l’IVG (Cf. Droit et prévention de l’avortement en Europe : un livre argumenté qui fait référence). Il confirme par-là l’obsession du gouvernement actuel de faire de l’IVG une cause à défendre. Envers et contre tout.

 

Pour aller plus loin :

IVG : Les ARS doivent élaborer un plan régional au plus vite

 

 

[1] Agence régionale de santé d’Île-de-France.

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