Avis de l’académie de médecine sur la fin de vie : « un passage en force inacceptable »

20 Juil, 2023

Dans un entretien publié par Doctissimo, le Pr Patrice Queneau, membre du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, a voulu « rétablir la vérité » sur le vote mentionné dans l’avis rendu par l’Académie sur la fin de vie (cf. Fin de vie : l’Académie de médecine s’oppose à l’euthanasie). Un vote « sans valeur » qu’il dénonce.

Un sujet « coincé » avant l’été

Le Pr Patrice Queneau était présent lors de la séance plénière du 27 juin. Il regrette que la fin de vie n’ait pas fait l’objet d’une séance à part entière.

« Ce sujet brûlant n’a été examiné que lors de la dernière séance de juin de l’Académie (avant l’arrêt des séances d’été) », indique-t-il. « La présentation de l’avis a donc été “coincée” entre des élections et la présentation de deux autres rapports, suivis de trois communications et d’une présentation d’ouvrage », ajoute le professeur.

« La fin de vie aurait dû faire l’objet d’une présentation générale et d’une discussion au cours d’une séance plénière de l’Académie entièrement consacrée à ce sujet, ne serait-ce que pour souligner l’ampleur de l’enjeu » déplore-t-il.

« Ce vote “pour” du 27 juin n’a aucune validité »

Le Pr Patrice Queneau dénonce également le vote mentionné dans l’avis intitulé « Favoriser une fin de vie digne et apaisée : Répondre à la souffrance inhumaine et protéger les personnes les plus vulnérables ». Un vote contre l’euthanasie, mais en faveur du suicide assisté, qui n’a « aucune valeur » d’après lui.

« Après 20 interventions (dont la mienne), il a été proposé par l’un de nous de voter pour ou contre le fait que le texte soit modifié. C’est cette option, pour la modification du texte, qui l’a emporté » rapporte-t-il.

Selon lui, le vote « résulte en réalité de l’amalgame entre deux types de votes très distincts : ceux favorables à l’avis tel que présenté par Jacques Bringer [1], et ceux demandant des modifications, mais qui bien évidemment n’ont “pas voté pour l’avis” ».

« Ce vote “pour” du 27 juin n’a aucune validité car, réalisé dans la précipitation et la confusion faute de temps, pour un sujet sociétal si lourd de conséquences ! » s’indigne le Pr Queneau.

Un avis qui « sert les intérêts du Gouvernement »

Alors qu’il est membre permanent du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, le professeur ajoute qu’il n’a pas eu connaissance du texte modifié avant sa publication. Il n’a pas non plus été consulté sur les modifications à apporter. « Je ressens un malaise profond, c’est un passage en force inacceptable » déplore-t-il.

L’avis de l’Académie était particulièrement attendu par le Gouvernement (cf. Fin de vie : un processus construit pour aboutir à légaliser l’euthanasie ?). Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, en a d’ailleurs pris connaissance dès le lendemain de la séance plénière, avant même sa parution officielle. Elle s’est « réjouie » de ses conclusions.

« Cet avis était aussi attendu car il sert les intérêts du Gouvernement » proteste le Pr Patrice Queneau (cf. Fin de vie : Agnès Firmin le Bodo esquisse le futur projet de loi).

 

[1] Jacques Bringer, Président du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine

Source : Doctissimo , Sihem Boultif (18/07/2023)

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