Sur le site internet du Nouvel Observateur, la psychologue en gériatrie, Clémence Bergevin, revient sur la thématique de l’euthanasie “très souvent dans le champ des préoccupations” dans son travail. La psychologue précise qu’il “existe pourtant une loi, mais qui n’est pas suffisamment appliquée : la loi Leonetti de 2005.” Elle ajoute : “avant d’aller plus loin, il faudrait déjà se donner les moyens de l’appliquer [car] cette loi permet une réelle prise en compte de la souffrance des malades et c’est bien le point le plus important“.
Au sujet de la formation des médecins et plus généralement des équipes soignantes, elle explique que “trop souvent [ceux-ci] ne pratiquent pas les soins palliatifs, parce qu’ils ont l’impression de ne pas faire leur travail en abandonnant le soin curatif“. Pour la psychologue, “leur formation devrait comprendre davantage de soins palliatifs“.
Concernant la loi Leonetti, Clémence Bergevin rappelle que “la priorité, c’est que le malade ne souffre pas. Les médecins sont donc tenus de délivrer des anti-douleurs“. Ce qui précisément l’effraie, “c’est que l’euthanasie est l’autorisation donnée aux médecins de tuer des gens, même si cette permission est encadrée“. Or, la psychologue s’interroge : “sur quels critères [peut-on autoriser l’euthanasie] ? Qui peut dire que le malade ne récupèrera jamais ? La science n’a pas encore ce pouvoir. Une personne dans le coma peut en sortir vingt ans après… on ne peut pas présager de l’avenir”.
En outre, concernant la grande question du consentement face à une personne qui demande à mourir, “comment faire la différence entre une dépression et ce qui serait, tout à coup, une demande légitime parce que l’extérieur considère qu’effectivement, vivre dans cet état ne vaut pas le coup ?”.
Travaillant toute la journée au contact de personnes en fin de vie, Clémence Bergevin explique qu’elle “trouve normal qu’ils vivent. Ils ont encore des moments de joie, même s’ils sont très minimes, parfois très rares pour certains. La mort n’est jamais une solution“.
Elle estime que “la responsabilité de mettre fin à une vie est trop lourde”. Elle ajoute : “dans notre société, on assiste à une dérive de contrôle. L’homme voudrait contrôler la nature“.
Face à l’affirmation, “si j’étais comme ça, je préfèrerai qu’on me tue“, Clémence Bergevin explique que “cette phrase incarne l’agressivité envers la personne qui est devenue un poids, qui ne ‘sert’ plus à rien. C’est aussi la peur de finir ‘comme ça’ justement, d’approcher la mort de trop prêt.” Pour la psychologue, “l’euthanasie voudrait soigner la culpabilité des parents d’avoir un enfant en situation de handicap lourd, comme si arrêter cette souffrance était leur devoir après avoir donné cette vie-là, elle soigne la peur de la mort chez les plus jeunes“.
Leplus.nouvelobs.com 19/07/12