Dimanche, le peuple suisse a accepté les modifications de la loi sur la Procréation Médicalement Assistée (cf. Le diagnostic préimplantatoire autorisé en Suisse).Cette loi autorise à présent la création de douze embryons pour une fécondation in vitro, la pratique du diagnostic préimplantatoire sur ces embryons, ainsi que la congélation des embryons surnuméraires pour une durée de cinq ans renouvelables. S’ils ne sont pas implantés, ces embryons seront « détruits ou utilisés pour produire des cellules souches embryonnaires ». Enfin, le diagnostic préimplantatoire est autorisé non seulement pour les maladies héréditaires graves, mais aussi pour détecter des anomalies chromosomiques comme la trisomie 21. La loi ne prévoit pas le remboursement du DPI par l’assurance maladie, mais certains le revendiquent déjà.
La Conférence des évêques suisse a réagit à l’issue de ce vote : elle « regrette le oui du peuple suisse », qui « compromet la protection intégrale de l’être humain, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ». Avec ces nouvelles autorisations, « on supprimera des embryons qui sont probablement porteurs d’une maladie, au lieu de prendre soin de ces vies ». Les évêques ont tenu à rappeler « aux personnes handicapées qu’ils croient à leur pleine dignité, et se réjouissent que de nombreuses personnes les aident à vivre ». Ils ont également répété que « la reconnaissance de la pleine dignité de chaque être humain, d’abord le plus démuni, est essentielle à une société juste ».
Parmi les politiques, plusieurs ont également déploré ces nouvelles mesures : «Pour la première fois, la vie humaine, dès le début de son développement, devient évaluable et commercialisable », a déclaré la conseillère Christine Häsler. «Il y a eu beaucoup de promesses faites durant cette campagne pour que la loi soit très cadrée et surtout qu’il n’y ait pas de détérioration de la situation des handicapés dans la société. Il faudra voir si ces promesses seront respectées lorsqu’on votera les budgets», a avertit pour sa part Mathias Reynard.
Un avertissement partagé avec les associations de personnes handicapées : «Il faut absolument préserver le droit à l’ignorance des futurs parents. Ils ne doivent pas être poussés à effectuer un quelconque examen», plaide Inclusion Handicap.
Dix neuf organisations actives dans le domaine social et rassemblées sous la devise « la diversité au lieu de la sélection » regrettent également l’issue du scrutin du 5 juin, mais « se félicitent du vaste débat de société qu’a suscité cette question ». Elles ont annoncé « poursuivre leur engagement pour une société sans contraintes normatives et au sein de laquelle les personnes atteintes d’un handicap ou d’une maladie sont acceptées et soutenues comme les autres ».
Tribune de Genève (6/06/2016); Radio Vatican (6/06/2016); 24Heures (6/06/2016)