Augmentation du nombre de césariennes

Publié le 22 Nov, 2006

Une naissance sur cinq se fait désormais par césarienne. On constate une progression très importante ces 25 dernières années : de 10,9 % en 1981, le taux de césarienne en France est passé à 15,9 % en 1995, 18 % en 2001 et 20 % en 2003 (23,5 % chez les femmes qui accouchent pour la première fois). Le taux d’accouchement par césarienne augmente en fonction de l’âge de la femme enceinte : 15 % à 23 ans, près de 25 % à 38 ans. Plus de deux femmes sur trois qui ont eu une césarienne accouchent par césarienne la fois suivante. Ces chiffres placent la France loin devant les Pays-Bas ou la Suède mais derrière l’Espagne et l’Italie.

Cette forte augmentation inquiète les professionnels de santé qui se sont penchés sur la question lors des 34e Journées de gynécologie obstétrique et fertilité. Certaines femmes y voient une illustration de la "surmédicalisation" de la naissance parce que cette pratique n’est pas toujours justifiée. Le Professeur Bernard Blanc, responsable du service de gynécologie obstétrique à l’hôpital de la Conception à Marseille souligne que : "Le bénéfice attendu sur la réduction de la morbidité et de la mortalité néonatale est faible". "L’obstétrique n’est pas meilleure avec un taux de césarienne important" a pu constater le docteur Michel Naiditch, chercheur à l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).

Les taux de césariennes varient considérablement d’un établissement à l’autre. On pratique plus de césariennes dans le privé. D’autres facteurs, d’ordre moins avouables sont à prendre en compte comme la gestion des plateaux techniques, le gain de temps, la course illusoire au risque zéro…"Les techniques d’aide à la naissance peuvent être détournées pour gérer l’incertitude temporelle de l’accouchement et améliorer le confort des professionnels", constate la sociologue Danièle Carricaburu à l’issue d’une enquête d’observation et d’entretien réalisé en 2005.

Le professeur François Goffinet, gynécologue obstétricien à l’hôpital Port Royal s’inquiète : "même si les risques maternels associés à la césarienne programmée ont diminué ces dernières années, les risques rares et graves à court terme (infection, embolie…) ainsi que ceux des grossesses ultérieures sont mal évalués". "La physiologie est de plus en plus gommée, on laisse de moins en moins les choses se faire naturellement", déplore une sage-femme.

Face  à cette problématique des "maisons" de naissance devraient voir le jour en 2007. Ces nouvelles structures seront gérées par des sages-femmes qui accompagnent les futures mères dont la grossesse s’annonce sans problème particulier, avant, pendant et après la naissance. "Nous souhaitons sortir d’une surmédicalisation où la grossesse est trop souvent considérée comme une pathologie", explique Isabelle Chevalier, sage-femme à l’origine du projet."On est à mi-chemin entre la maison et l’hôpital (…). Nous essayons de nous approcher au maximum de l’accouchement à domicile tout en gardant la sécurité d’un univers hospitalier. Si un problème survient, on aura la possibilité de descendre au bloc d’accouchement où l’équipe est prête à réagir dans les 3 minutes (…). Avec l’expérience, on s’aperçoit que, lorsque l’on respecte la nature, on a souvent de bons résultats."

Le Monde (Sandrine Blanchard) 22/11/06

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