Arrêt des soins : les dérives du « patient remarquable »

Publié le 9 Avr, 2019

Hier, un colloque sur les décisions médicales en fin de vie s’est tenu à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris. L’histoire d’un « patient remarquable » a été racontée pour illustrer les limites d’un tel qualificatif. Le qualificatif « patient remarquable », ou encore « NTBR » (qui signifie « Not To Be Reanimated » ou « A ne pas réanimer ») est employé dans les dossiers médicaux du Samu et des services de réanimation, pour les « patients porteurs d’une maladie grave évoluée et évolutive », pour qui « les traitements curatifs ne sont plus appropriés » selon le personnel médical.

 

Le patient dont il était question, avait une maladie dégénérative depuis plus de 20 ans. Une crise d’insuffisance respiratoire d’une particulière gravité l’a obligé à être hospitalisé. Après l’avoir soigné, les médecins de l’hôpital ont organisé une réunion collégiale sur la suite de sa prise en charge, sans consulter sa famille. Quelques jours plus tard, celle-ci a reçu un courrier lui indiquant qu’il a été décidé que dans le cas où il reviendrait en urgence à l’hôpital, « il ne serait pas réanimé, et qu’une sédation longue et continue jusqu’au décès serait éventuellement mise en route ». Le patient était en effet signalé comme « patient remarquable au Samu ». Pourtant, la loi prévoit quune réunion collégiale ne peut être organisée « qu’au moment où se décide un arrêt ou une limitation de traitement, et non pas en avance» comme l’a rappelé le Dr Véronique Fournier, qui dirige le Centre d’éthique clinique des hôpitaux de Paris. En effet, « jusqu’au dernier moment, le patient peut changer d’avis. C’est son dernier avis qui compte », a-t-elle ajouté.

 

Si la notion de patient remarquable permet de conduire directement le malade en soins palliatifs « où il sera mieux pris en charge », le risque d’ « une dérive » de ce qualificatif est réel, qui empêcherait « toute discussion », comme l’a souligné le Dr Michèle Levy-Soussan, qui dirige le service de Soins palliatifs de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière.

 

Pour aller plus loin :

A Caen, les juges considèrent que le CHU devra soigner Léah « comme n’importe quel autre malade »

Un tatouage comme directive anticipée de fin de vie ?

Libération, Eric Favereau (9/04/2019) – Attention «patient remarquable»

 

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