Angleterre, Pays de Galles, Irlande et Irlande du Nord : les chiffres de l’avortement

Publié le 12 Juin, 2020

En Angleterre et au Pays de Galles, un nombre record de femmes a avorté l’année dernière. Ces chiffres officiels montrent une augmentation de façon particulièrement marquée chez les femmes de 30 ans et plus.

Au total, 207 384 avortements ont été pratiqués, soit le niveau le plus élevé depuis le vote historique de 1967 visant à la dépénalisation de l’avortement. Entre 2012 et 2016, 185 000 IVG étaient en moyenne recensées, mais depuis, le nombre n’a cessé d’augmenter. L’âge plus tardif de la maternité, les problèmes financiers rencontrés par certaines femmes et les difficultés à obtenir des moyens de contraception seraient à l’origine de cette augmentation.

 

En 2019, on compte 18 avortements pour 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans. Londres a enregistré le taux le plus élevé (21,4‰) et le sud-ouest le plus faible (14,8‰). Pour 40 % des femmes, il s’agissait d’un second avortement, contre 34 % en 2009. Parmi les 30 ans et plus, près de la moitié (49 %) a déjà subi au moins un avortement.

 

Pour toutes les femmes de 25 ans et plus, le taux d’avortement est important. Chez les femmes de 30 à 34 ans, il est passé à 20,9‰ l’année dernière, contre 15,7‰ en 2009, soit le plus grand bond de tous les groupes d’âge. Chez les plus de 35 ans, il est passé à 9,7‰, contre 6,6‰ une décennie plus tôt.

 

A noter, les adolescentes sont moins nombreuses à subir une interruption de grossesse. Le taux parmi les moins de 18 ans a diminué au cours des dix dernières années. Il est maintenant de 8,1‰, et parmi les moins de 16 ans, il est tombé à 1,4‰, contre 4‰ en 2009.

 

98% des avortements ont eu lieu parce que les médecins ont estimé que la poursuite de la grossesse « comporterait un risque de préjudice pour la santé physique ou mentale de la femme enceinte plus important que si la grossesse se poursuivait ». Dans presque tous les cas, la santé mentale était en cause.

 

Clare Murphy, la directrice des affaires extérieures du British Pregnancy Advisory Service, établit un lien entre ces taux records et la récente évolution des familles, désormais moins nombreuses – 1,89 enfant par femme – pour des femmes qui fondent une famille plus tard qu’auparavant, souvent pour préserver leur carrière.

 

Pour Antonia Tully, la directrice des campagnes de la Société pour la protection des enfants à naître, ce chiffre « montre que l’avortement est de plus en plus normalisé. La propagande disant aux femmes que l’avortement est “simple et sûr”, associée à un accès plus facile aux pilules abortives, fait augmenter le nombre d’avortements ».

 

En République d’Irlande où l’avortement est accessible depuis Janvier 2019 (cf. Le Parlement Irlandais dépénalise l’avortement), le ministère britannique de la santé et de l’aide sociale dénombre 375 femmes et jeunes filles ayant eu recours à l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles l’année dernière.

 

En 2018, le nombre de femmes irlandaises se rendant en Angleterre et au Pays de Galles pour avorter était de 2 879, soit déjà une diminution par rapport au chiffre de 3 019 en 2017.

A ce jour, le nombre d’avortements qui ont eu lieu en République d’Irlande en 2019, suite à la dépénalisation, n’est pas encore connu (cf. Avortements en Irlande : 6 000 demandes de renseignement depuis janvier 2019).

 

1 014 femmes d’Irlande du Nord se sont rendues en Grande-Bretagne en 2019 pour avorter soit 19 par semaine, un peu moins que les 1053 de 2018. Selon le ministère, les niveaux actuels restent également nettement inférieurs au pic de 1 855 avortements dénombrés en 1990.

 

Les lois restrictives en matière d’avortement ont été modifiées par les députés en octobre dernier sous la pression de Westminster, alors que Stormont[1] peinait à mettre en place un gouvernement. Elles rendent possible des interruptions de grossesse à la demande pendant les 12 premières semaines de la grossesse, et jusqu’à 24 semaines lorsqu’il existe un risque de préjudice pour la santé physique ou mentale de la femme enceinte. L’avortement est également possible en cas d’anomalies fœtales graves et fatales sans limite de gestation, ainsi que pour des affections telles que la trisomie.

Au début de ce mois, les députés ont voté contre les nouvelles lois sur l’avortement (cf. Irlande du Nord : l’Assemblée irlandaise adopte une motion pour s’opposer à la loi sur l’avortement).

Le ministère de la santé a récemment confirmé que 129 avortements « médicaux » avaient été pratiqués ici entre le 31 mars (cf. Irlande du Nord : la dépénalisation de l’IVG entre en vigueur) et le 22 mai.

 

Pour aller plus loin :

IVG : à Dublin, les médecins hésitent à appliquer la loi

IVG en Irlande : un déploiement moins rapide que prévu

Le Parlement Irlandais dépénalise l’avortement



[1] L’Assemblée parlementaire nord-irlandaise.

 

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The Guardian, Denis Campbell (11/06/2020) ; Irish Times, Sarah Burns (11/06/2020) ; RTE, Ailbhe Conneely (11/06/2020)

Photo : _Alicja_ from Pixabay

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