Par une décision de justice prise en septembre, le Québec a vu sa loi sur l’aide médicale à mourir élargie « aux personnes éprouvant des souffrances physiques ou psychologiques intolérables », hors situation de fin de vie (cf. Québec : une décision de justice élargit l’aide médicale à mourir). Le gouvernement, qui aurait pu faire appel, va au contraire aligner sa loi sur cette décision (cf. Québec: le nombre d’aide médicale à mourir a doublé cette année).
Face à cette situation, une personne « lourdement handicapée » témoigne, se sentant « trahie », « abandonnée », « dévalorisée » : « C’est un changement radical du droit pour les personnes handicapées par rapport aux autres citoyens. Elles pourront dorénavant mettre fin à leur vie très longtemps avant leur mort naturelle. Plusieurs y voient une formidable avancée. Moi, je m’inquiète de ce net recul qui s’appuie sur des préjugés tenaces, comme croire que la vie avec un handicap est épouvantable et invivable. Dans le futur, il sera dangereux pour les personnes lourdement handicapées de vivre des périodes sombres et de découragement, comme cela arrive à tout le monde, parce qu’elles pourraient alors être portées à demander l’aide médicale à mourir, qu’elles obtiendraient assez facilement ».
Citant les exemples de Stephen Hawking, puis de Roosevelt, elle rappelle que si l’aide médicale à mourir semble être « une solution », c’est parce que le « public » ignore la « réalité quotidienne » de ces personnes. Certes, « les personnes handicapées ont toutes vécu des souffrances durant des périodes plus ou moins longues, mais leur résilience a permis à l’immense majorité de les affronter et de ne pas succomber dans ces moments de fragilité. En revanche, leur fournir une sortie de secours dorée n’est absolument pas de nature à les aider ».
Le Devoir, Un changement radical du droit pour les personnes handicapées (9/10/2019)