« On vit et on meurt, seul parfois, mais l’on meurt toujours en société », affirme Patrick Chastenet, professeur de sciences politiques à l’Université de Bordeaux. « C’est la raison pour laquelle la question d’une législation sur “l’aide active à mourir” est une question politique, donc sociale autant qu’une question éthique et médicale », souligne-t-il dans une tribune pour le journal La Croix.
Cette revendication « participe également d’une logique souvent ignorée mais pourtant agissante, estime le professeur, celle des sociétés techniciennes voulant qu’au nom de la recherche de l’efficacité, chaque problème, y compris la mort, reçoive une solution technique ». Ainsi, « conformément à la loi de Dennis Gabor, tout ce qui est techniquement réalisable sera fait. Tout ce qu’il est possible de faire doit être fait ».
Mais « cette façon de mourir ne deviendra-t-elle pas sinon une obligation légale, au moins une norme sociale ? », interroge Patrick Chastenet. Car « est-il bien raisonnable de vouloir souffrir et de causer dommage à la société en mobilisant inutilement des personnels hospitaliers et des médicaments coûteux, sans compter la perception d’une retraite ? » (cf. « Parler d’”aide” pour le suicide ou l’euthanasie est un dévoiement de la solidarité »)
Source : La Croix, Patrick Chastenet (26/09/2022)