Comment faire pour que la révision des lois de bioéthique ne gomme pas les principes de notre société et ne soit pas influencée par les lobbies industriels, notamment dans le domaine de l’assistance médicale à la procréation (AMP) ? Un article de la Croix, à l’occasion des Semaines Sociales de France, revient sur ces questions.
Il est important que les conditions de la prise en charge par l’assurance-maladie des AMP soient conservées pour en équilibrer le financement : l’AMP est ainsi réservée à des couples hétérosexuels infertiles en âge de procréer. Cela implique également de prendre en compte l’efficacité des techniques et leur innocuité pour l’enfant à naître.
Concernant l’insémination artificielle avec donneur (IAD) qui repose aujourd’hui sur l’anonymat du père biologique et donc une amputation de la construction identitaire, l’article plaide pour une prévalence du droit à l’accès aux origines plutôt qu’à la protection du donneur. Il souligne que l’argument utilitariste des centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme (Cecos) selon lequel lever l’anonymat conduirait à une chute du nombre des donneurs, n’a aucune valeur éthique au regard de l’intérêt de l’enfant à naître.
Concernant les embryons surnuméraires, conçus dans le cadre d’une fécondation in vitro, ils sont devenus des enjeux scientifiques, industriels et économiques majeurs qui constituent une véritable réification de "ce qui est admis comme un être humain potentiel". Cette atteinte est d’autant moins acceptable qu’il "existe d’autres sources de cellules régénératrices potentielles".
Enfin, il évoque le développement de pratiques de marchandisation du corps et des gamètes qui, "à défaut d’une légitimité éthique", se "prévalent de l’utilité économique".
Pour se garder de ces dérives, il conviendrait donc de garder à l’esprit trois principes :
– "toute filiation étant biologique, éducative et sociale, le lien entre les êtres humains doit pouvoir être conservé";
– la hiérarchie des principes, quand plusieurs s’imposent, doit être indépendante d’enjeux de pouvoirs (scientifiques, idéologiques, industriels,…) et prendre en compte les intérêts des plus démunis;
– les moyens matériels mobilisés par la société doivent d’abord servir à prévenir et guérir les maladies, notamment dans le domaine de la stérilité.
La Croix 02/11/09