Affaire Hwang : un drame national..

Publié le 28 Déc, 2005

L‘affaire Hwang Woo-suk continue de susciter un vif intérêt en Corée du Sud. Le comité, dont le rapport d’enquête sera rendu public début janvier, a d’ores et déjà annoncé que 9 des 11 lignées de cellules souches obtenues ont été falsifiées et que de sérieux doutes planaient sur la véracité des 2 lignées de cellules souches restantes.

C‘est un sentiment de honte qui plane sur la Corée du Sud et l’affaire embarrasse le gouvernement. Vendredi, le ministère des sciences et des technologies a annoncé le retrait des 2,4 millions d’euros promis au chercheur pour l’année 2006. Le ministère de la santé ne s’est pas encore prononcé sur les 9,5 millions d’euros destinés au Centre mondial pour la recherche sur les cellules souches embryonnaires inauguré en octobre par le professeur Hwang. Cette affaire pourrait toutefois avoir de sérieuses retombées politiques, le président Roh ayant publiquement soutenu le professeur Hwang au cours des 2 dernières années. Les travaux du biologiste se trouvaient au centre d’une stratégie de l’État dont l’objectif était de promouvoir la Corée du Sud comme "pionnier" dans la recherche sur les cellules souches embryonnaires.

Les scientifiques sud-coréens s’inquiètent aussi des répercussions de ce scandale sur leurs travaux : "j’espère que cette affaire ne ternira pas l’image des savants sud-coréens, car elle n’est pas représentative de la recherche dans notre pays" souligne le professeur O II-whan, spécialiste des recherches sur les cellules souches adultes.

L‘Église catholique de Corée du Sud est de fait renforcée dans ses critiques à l’égard des recherches sur les cellules souches embryonnaires et le clonage. Le Révérend Lee Donk-Ik entend "dénoncer à nouveau les problèmes éthiques que soulève ce type de recherches". Le Comité pour la Vie créé en 2005 par le diocèse de Séoul doit débloquer 208 millions d’euros en juin 2007 pour une recherche respectueuse des règles éthiques dans le domaine des sciences de la vie. Dans ce cadre, 8 millions d’euros iront à la recherche sur les cellules souches adultes. Pour conclure, le Révérend Lee-Donk-Ik estime urgent de réformer la loi sur la bioéthique et d’interdire le clonage d’embryons humains. "La vie ne doit pas répondre à des objectifs économiques" affirme-t-il.

Les scientifiques français favorables au clonage déchantent. Marc Peschanski, Directeur de recherche à l’Inserm, reconnaît que cette affaire aura un retentissement sur la recherche. Il affirme "depuis presque un an, toutes les perspectives de recherche sur le clonage s’appuyaient sur le fait que le professeur Hwang avait réussi à le faire". Si le biologiste sud-coréen a menti, "je pense que l’on assistera à un gel de la recherche, et pour longtemps" ajoute-t-il. Si l’équipe du professeur Hwang qui "dispose de compétences humaines et de moyens technologiques considérables" n’a pas réussi dans ses tentatives de clonage "cela remettra en question la faisabilité du clonage humain".

Pour Axel Kahn, Directeur de l’Institut Cochin de génétique moléculaire, "les travaux qui se donnaient pour objectif d’isoler des lignées de cellules souches provenant de personnes malades, dans le but d’étudier ces maladies, vont obligatoirement connaître un coup d’arrêt s’il s’avère que l’on ne sait effectivement pas obtenir des embryons humains clonés!". Pour lui, ce scandale révèle "l’aspect fantasmatique du clonage dit thérapeutique". "Car même si on obtenait une seule lignée de cellules souches dérivées d’un embryon humain cloné, on serait encore loin d’avoir guéri les centaines de millions de personnes qui souffrent de diabète, d’Alzheimer, de maladies cardiaques etc. Cela exigerait de recourir à des centaines de milliers d’ovules" puis de réaliser pour chaque patient un clonage."On voit bien qu’une procédure aussi lourde n’est tout simplement pas applicable à grande échelle" conclut-il.

En Grande-Bretagne, où le clonage thérapeutique est autorisé, on s’inquiète également. Certains commencent à évoquer la possibilité de diriger les recherches vers d’autres branches moins sensibles sur le plan éthique comme les cellules souches du cordon ombilical.

La Croix (Marie Barraud – Laurent d’Ersu – Eric Albert – Marianne Gomez) 28/12/05

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