ADMD : militants pour une ”aide active au décès”

Publié le 20 Avr, 2007

Le Point s’interroge sur les "vraies raisons des militants de l’euthanasie", dans un article sans complaisance.

L‘Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) qui "orchestre" depuis 26 ans le débat sur l’euthanasie se réjouit car elle "n’a jamais été aussi près du but". Autorisée en 2005 par le ministère de la Santé à siéger dans les commissions d’usagers des hôpitaux, l’ADMD a, cette année, porté, en pleine campagne présidentielle, l’euthanasie au cœur du débat.

Pour cela, elle a diffusé auprès des candidats et des médias un "Livre blanc" pour "faire du tam-tam et imposer le sujet aux présidentiables", selon les mots de Gérard Payen qui dirige l’ADMD depuis deux ans. Ce "Livre blanc" est "un bijou d’ambiguïté", écrit Le Point : "les témoignages qui y sont reconnus font l’effet d’un coup de poing : cas d’acharnement thérapeutique, réanimations inutiles, agonies interminables, non-respect de la volonté des patients…".

Mais, pour Suzanne Rameix, directrice du département d’éthique du CHU Henri-Mondor, "à l’acharnement thérapeutique qu’ils ont raison de dénoncer ils répondent par l’euthanasie. Réponse inappropriée et dangereuse". Louis Puybasset, responsable du service de réanimation neurochirurgicale à la Pitié-Salpêtrière, s’insurge contre ce livre dont la plupart des cas exposés "relève de la maltraitance médicale". "On ne va quand même pas répondre aux fautes de la médecine contemporaine en supprimant les patients ! La demande euthanasique peut, c’est vrai, être générée par notre pratique de la médecine. Il faut donc appliquer la loi Leonetti (…)."

Officiellement l’ADMD milite pour une "aide active au décès" plutôt que le "laisser mourir" instauré par la loi Leonetti de 2005. "Sauf que le texte fondateur de l’ADMD (…) ne réclame pas autre chose que le droit de choisir sa mort, son moment, ses modalités."

"L‘immense ambigüité de l’association est d’avancer masquée", souligne l’hebdomadaire. D’ailleurs, pour Bernard Devalois, président de la Société française de soins palliatifs (SFAP) : "Le rêve de cette poignée de militants ne correspond sûrement pas à celui de leurs 42 000 adhérents. Ni le corps médical, ni surtout les malades ne doivent être entraînés sur ce terrain".

Les militants de l’ADMD n’ont de cesse de rappeler leur engagement des années 70 dans la lutte pour l’avortement : "il s’agit du même souci de maîtriser son destin", explique Claude Hury, secrétaire générale de l’association. Certains membres de l’ADMD se sont d’ailleurs illustrés au moment de la légalisation de l’avortement, comme le sénateur Henri Cavaillet qui a présidé l’ADMD pendant sept ans et qui en est maintenant le président d’honneur.

Selon le président de la SFAP, "la grande victoire de l’ADMD est d’avoir capté, aux yeux de l’opinion publique et au profit de la légalisation de l’euthanasie, le concept de ‘dignité’", car, "qui ne souhaite pas ‘mourir dans la dignité’ ?". "Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot." "Dans nos société solidaires, un homme est digne parce qu’il est un homme", répète Bernard Devalois. "Dire qu’un homme est digne parce qu’il est homme n’est pas une croyance religieuse, mais un concept démocratique et républicain", insiste Suzanne Rameix.

La Croix publie deux courriers de lecteur sur l’euthanasie. Le premier témoigne de la fin de vie de sa mère, âgée de 88 ans, alitée et alimentée par un tube nasal : "sous mes yeux, moi tenant la tête de ma maman dans le creux de mes deux mains, une infirmière est venue faire une piqûre létale à maman qui est décédée quelques minutes après". Demandant la justification d’un tel acte, la directrice de l’hôpital lui a simplement répondu : "elle aurait trop souffert". "Depuis, j’ai l’intime conviction que la mort administrée par piqûre létale est plus fréquente qu’on ne le croit, sans pour autant le révéler…"

Le second lecteur revient sur le procès de Saint-Astier et son "verdict clément" qui a déclenché une amplification des campagnes de presse du lobby pro-euthanasie. Il rappelle pourtant que de nombreuses initiatives dans le sens du respect de la vie existent et regrette qu’elles ne soient pas davantage relayées.

Le Point (Violaine de Montclos) 19/04/07 – La Croix 20/04/07

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