Au Royaume-Uni, la plus haute juridiction vient d’autoriser le recours au "bébé médicament" conçu pour soigner un frère ou une soeur malade (cf revue de presse du 29/04/05).
Rappelons qu’historiquement, le premier "bébé-médicament" est né en 2000 aux Etats-Unis. Adam Nash avait été conçu pour sauver sa soeur Molly, 6 ans, atteinte d’une anomalie de la moelle osseuse. Pour cela, il avait fallu créer 15 embryons pour n’en conserver qu’un seul. A l’époque, le professeur Eliane Gluckman (Hôpital Saint Louis) déclarait "les chances de succès ne dépassent pas 10%. Dans la plupart des car, il serait préférable de tenter une solution alternative avec une greffe de sang de cordon émanant d’un donneur qui ne soit pas totalement compatible".
En France, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait émis en juillet 2002 un avis dans lequel il ne s’opposait pas à cette pratique du double diagnostic préimplantatoire à la condition que le désir d’enfant prime sur l’espoir thérapeutique. La loi de bioéthique du 6 août 2004 autorise à présent à titre expérimental une telle procédure lorsque "le couple a donné naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique entraînant la mort dès les premières années de la vie ou reconnue comme incurable au moment du diagnostic". Il faut aussi que "le pronostic vital de cet enfant puisse être amélioré de façon décisive" par des mesures thérapeutiques "ne portant pas atteinte à l’intégrité du corps de l’enfant" à naître.
Cette technique du dépistage pré-implatatoire pose de graves questions éthiques. En effet, l’embryon est doublement sélectionné car il ne doit pas être porteur de la même maladie que son frère ou sa soeur mais il doit en plus "être compatible" avec lui. Cette sélection entraîne l’éliminations des embryons malades mais aussi des embryons sains main non compatibles. Par ailleurs, les experts s’interrogent sur les répercussion psychologiques pour un enfant appelé à naître pour porter secours à un autre.
Il faut enfin s’interroger sur les dérives possibles d’une telle décision. Rappelons qu’en Grande-Bretagne, une proposition réclamait déjà la possibilité de sélectionner le sexe de l’enfant en ayant recours à cette méthode.
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La Croix (Dominique Quinio – Denis Sergent) 02/05/05 – Le Figaro (Catherine Petitnicolas) 03/05/05