Jean-Yves Nau du quotidien Le Monde revient sur l’article de l’Osservatore Romano du mois de septembre dans lequel le quotidien du Vatican estimait que de nouvelles données scientifiques et médicales remettent en cause "le fait que la mort du cerveau provoque la désintégration du corps" (cf. Synthèse de presse du 04/09/08). La journaliste affirmait dans cet article que le fait de s’appuyer sur l’arrêt de l’activité cérébrale pour définir la mort avait rendu possible les transplantations d’organes. "L’idée que la personne humaine cesse d’exister quand le cerveau ne fonctionne plus, alors que son organisme, grâce à la respiration artificielle, est maintenu en vie, comporte une identification de la personne avec ses seules activités cérébrales. Cela entre en contradiction avec le concept de la personne selon la doctrine catholique, et donc avec les directives de l’Eglise vis à vis des patients dans le coma", écrivait-elle.
Il est vrai que la pénurie de greffons et le développement de nouvelles techniques amènent certains à demander que l’on redéfinisse les frontières de l’acceptable. Selon le professeur Frédéric J. Baud (réanimation médicale et toxicologie, hôpital Lariboisière, Paris), "nous disposons aujourd’hui grâce notamment aux techniques permettant de visualiser l’existence ou la disparition de la vascularisation du système nerveux central d’une série d’examens complémentaires permettant d’avoir la certitude que la personne est morte, et que seul le maintien de la réanimation peut laisser croire que tel n’est pas le cas. Cette situation est radicalement différente de celle où se trouvent les personnes dans des comas dits profonds ou dépassés, chez lesquelles les critères de la mort cérébrale ne sont jamais observés".
Du côté de l’Eglise, le débat semblait clos puisqu’en Août 2000, Jean-Paul II interrogé sur cette question avait déclaré "l’Eglise ne prend pas de décisions techniques. Elle se limite au devoir évangélique de comparer les données offertes par la science médicale avec une conception chrétienne de l’unité de la personne, en soulignant les similitudes et les conflits possibles capables de mettre en danger le respect pour la dignité humaine." Il ajoutait que la cessation complète et irréversible de toute activité cérébrale "ne semble pas en conflit avec les éléments essentiels d’une anthropologie sérieuse".
Tout comme le professeur Jean Savatier, Jean-Paul II estimait donc que le travail du théologien est de rechercher la signification de la mort et non d’en définir les signes. Benoît XVI rouvrira t-il le débat ? s’interroge Jean-Yves Nau.
Le Monde (Jean-Yves Nau) 03/11/08