Zenit propose une interview du père Thomas Williams, doyen de théologie à l’Athénée pontifical Regina Apostolorum et expert en théologie morale, sur la question de l’adoption des embryons. Ce sujet est en débat au sein de l’Église.
Il rappelle d’abord que : "la situation de laquelle nous partons n’est pas une situation naturelle. Elle n’aurait jamais dû exister. La production et la conservation cryogène d’embryons humains – plus de 400.000 déjà – est une aberration morale, une chose que les personnes possédant une sensibilité morale rejettent spontanément".
Interrogé sur le fait que l’adoption des embryons serait une façon implicite d’approuver la fécondation in vitro, il répond : "Absolument pas. Lorsqu’un couple adopte un enfant conçu lors d’un viol, ce couple approuve-t-il tacitement cette violence ? Bien sûr que non. L’enfant qui a été conçu à cause de cet acte terrible, sans la moindre culpabilité de sa part, est encore digne que l’on s’occupe de lui et qu’on l’aime".
A la question du journaliste : "Ne craignez-vous pas que l’adoption des embryons encourage la production et la conservation de plus en plus d’embryons ?", le père T. Williams estime qu’il faut s’interroger d’abord sur "ce qui est juste pour ces petites personnes"."Il arrive que faire ce qui est juste entraîne des conséquences fâcheuses ou des résultats mitigés. Mais si nous conditionnons notre manière de traiter des personnes par les effets éventuels que celle-ci aura sur d’autres, nous réduisons ces personnes à un moyen, et notre sens de la morale se transforme en un calcul utilitariste" ajoute t-il.
Le père Williams estime que l’adoption des embryons met en évidence que tout être humain est digne d’attention de la part de la communauté et ce, quelle que soit sa taille.
La condamnation de l’adoption des embryons n’est pas en cohérence avec le caractère sacré de la vie humaine, explique t-il.
Alors que certains estiment que l’adoption des embryons constituerait un "traitement médical agressif" le père T. Willliams explique qu’il existe un malentendu sur les termes : "l’expression « traitement médical agressif » fait référence à un traitement médical inutile appliqué à des patients en phase terminale, et non à l’attention portée normalement à des personnes en bonne santé." Il rappelle à ce propos l’enseignement de Jean-Paul II qui déclarait que les interventions médicales peuvent être refusées lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable et lorsqu’elles sont "disproportionnées par rapport aux résultats que l’on pourrait espérer", ou bien encore lorsqu’elles sont "trop lourdes pour [le patient] et pour sa famille". Tout ceci n’est pas applicable dans le cas des embryons congelés.
Enfin, le père Williams rappelle qu’il n’existe aucun enseignement clair du magistère sur cette question.
Zenit 22/06/05