Le quotidien Le Monde revient sur la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, votée le 22 avril 2005 et estime que beaucoup dénoncent "l’hypocrisie et les faux-semblants de cette loi".
La journaliste Sandrine Blanchard, interroge "comment la loi peut-elle, d’un côté, réaffirmer le respect et la dignité du malade, lui donner le droit de "refuser tout traitement", introduire les directives anticipées, autoriser le médecin à soulager la douleur au risque d’abréger la vie, refuser toute obstination déraisonnable et, de l’autre prôner uniquement le "laisser mourir"?".
Elle regrette, ce qu’elle considère comme le paradoxe de cette version française de la prise en charge de la fin de vie où sans en définir les modalités, le patient a le droit de dire "je refuse tout traitement" et le médecin a le devoir de "soulager la souffrance". Elle regrette enfin, que ces directives ne tiennent pas compte des patients "hors d’état d’exprimer leur volonté".
Lors du colloque sur la fin de vie organisé lundi dernier par l’Espace Ethique de l’AP-HP , les participants se sont interrogés sur "le degré de liberté accordé à celui que l’on accompagne jusqu’à la mort". A ce stade, a expliqué Jean-Claude Amiesen, président du comité d’éthique de l’Inserm, "il ne s’agit plus de médecine".
Parmi ceux qui soutiennent l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), certains comparent le combat en faveur d’une "mort choisie" à celui de l’avortement : "nous nous sommes battus pour l’interruption volontaire de grossesse, pour que les femmes soient maîtres de leur corps, cette fois nous nous battons pour que l’être humain soit maître de sa vie jusqu’au bout", a expliqué Nadine Trintignant lors du 25ème anniversaire de l’ADMD.
Henriette Martinez, député UMP et adhérente à l’ADMD a expliqué de son côté que "la loi d’avril 2005 est une souffrance inutile". "Il reste 2 grands verrous à faire sauter : le monde médical et la religion", a-t-elle ajouté.
Quant à Frédéric Chaussoy, il estime qu’il faut bousculer la société française et qu’il faut autoriser "dans des situations exceptionnelles, une aide strictement encadrée".
Le Monde précise que, quelques 3 000 généralistes auraient signé une pétition de l’ADMD en faveur d’une modification de la loi. "En tant que médecin, j’estime que l’absence de loi définissant les conditions précises d’une exception d’euthanasie à la demande volontaire et réitérée du patient conduit à des situations confuses, hypocrites et parfois dramatiques pour le patient, sa famille et pour le corps soignant" ont-ils écrit.
Le Monde (Sandrine Blanchard) 06/04/06