Euthanasie, transplantation d’organes : une collusion à hauts risques éthiques

Publié le 3 Mai, 2019

La rencontre entre le monde de la transplantation et celui de l’euthanasie n’est pas sans poser question. Et celle qui concerne la « mort par don », en d’autres termes, le fait de mettre fin à la vie d’une personne avec son consentement éclairé en la menant au bloc opératoire pour pratiquer sous anesthésie générale une chirurgie, alors qu’elle est encore en vie, dans le but de prélever ses organes en vue d’une transplantation à d’autres personnes, ne cesse d’être évoquée (cf. De l’euthanasie pour le don d’organes : Qui arrêtera la machine qui s’est emballée ?).

 

Le problème, c’est que la « mort par don » contourne la règle du donneur décédé, qui interdit le prélèvement d’organes vitaux avant que le donneur soit déclaré mort.

 

Avec la « mort par don », au lieu de prélever des organes après la mort dans les cas d’euthanasie ou de mort après arrêt cardiaque contrôlé (Maastricht III), le prélèvement d’organes se ferait pendant que les organes sont encore irrigués par le sang (cf. Le protocole Maastricht III en France: retour vers une “technicisation de la mort” et Prélèvements d’organes en France : Développement du protocole Maastricht III ). Il n’y aurait pas de temps d’ischémie ; le prélèvement d’organes serait la cause directe et immédiate de la mort.

 

Cette position est tout à fait inacceptable. En effet, en abandonnant de la règle du donneur décédé, les personnes handicapées physiques et mentales qui se sentent stigmatisées et dont la société dévalorise la vie, pourraient être les destinataires d’un message subtil les invitant à faire quelque chose d’utile, de noble avec leurs organes sains ?

 

Est-ce qu’il n’y a pas un risque de voir ce type de prélèvements se multiplier auprès de ceux qui ne peuvent plus ou pas parler pour eux-mêmes en tant que donneurs ?

 

Est-ce que tous les médecins sont désormais dans un état d’esprit annihile directement près de 2 500 ans d’interdiction d’enlever la vie ?

 

Par ailleurs, la barrière est poreuse entre la contrainte et le libre choix. « Les forces sont nombreuses et subtiles – invariablement bien intentionnées, gentilles, même douces, mais aussi persuasives qu’un tsunami – qui émergent lorsque l’autonomie physique est désespérément compromise ». Un article de 2015 du New England Journal of Medicine (NEJM) montre que sur la seule année 2013, sur 3882 morts par suicide assisté en Belgique, 1047, soit 27%, étaient liés à des dosages de médicaments destinées à accélérer la mort , pratiqués sans le consentement des patients. Ces patients, généralement inconscients, avaient ou non des membres de leur famille à proximité.

 

Lorsque les médecins participent à une intervention conçue pour tuer une personne, les patients seront-ils toujours convaincus que leur médecin est fermement en faveur de la guérison ? Quel message est transmis sur la valeur de chaque vie humaine lorsque les médecins approuvent l’échange d’une vie contre une autre (cf. [Film] “Réparer les vivants” : Le destin de certains hommes est-il d’en réparer d’autres ?) ? Quel effet cela a-t-il déjà sur les médecins complices de telles interventions qui causent la mort ?

USA Today (02/05/2019) – Death by organ donation: Euthanizing patients for their organs gains frightening traction

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