Vers le « recodage à grande échelle » du génome humain ?

Publié le 2 Avr, 2019

A l’aide de CRISPR, des chercheurs de l’université de Harvard ont effectué « des milliers de modifications simultanées dans une seule cellule [humaine] sans la faire mourir ». Un « recodage à grande échelle », qui a pour but de « créer des cellules ‘universelles’ immunisées de toute maladie ».

CRISPR Cas9, cet outil qui a « rendu l’édition génétique accessible a la plupart des laboratoires » est utilisé la plupart du temps pour « modifier un gène à la fois en l’inactivant, en insérant de nouveaux fragments d’ADN, ou en modifiant son expression ». Mais cette équipe américaine dirigée par Georges Church, qui avait par le passé réussi à « éliminer 62 copies d’un rétrovirus dans le génome d’un porc », a cette fois réalisé 13200 modifications simultanées, « ouvrant la voie à une ‘recomposition radicale’ d’espèces ». Ils ont ciblé une séquence particulière du génome, les « gènes sauteurs », qui « constituent pratiquement la moitié » du génome humain et « peuvent « bondir » d’une position à une autre dans le génome ». Leur fonction n’est pas clairement établie, ils sont « soupçonnés d’être à l’origine de perturbations génétiques, notamment de provoquer des maladies neurologiques et d’accélérer le vieillissement ». Pour parvenir à opérer des centaines de ruptures dans le génome sans faire mourir la cellule, les chercheurs ont utilisé une variante de CRISPR qui échange les bases de l’ADN sans endommager la structure globale de l’ADN (cf. ABE : un « éditeur de base » qui vient compléter l’outil CRISPR). Ils ont éliminé la moitié des éléments actifs de gènes sauteurs, « et affirment qu’ils arriveront bientôt à les supprimer entièrement ».

George Church, l’un des pionniers du séquençage génétique,  « envisage dans un premier temps le ‘recodage’ complet de celui du porc afin que celui-ci devienne parfaitement compatible avec l’humain pour la transplantation d’organes ». A plus long terme, il vise la création de « ‘cellules universelles’ avec un génome immunisé contre toute forme de virus, ce qui nécessite 9.811 modifications génétiques » selon lui. D’autres membres de son équipe expliquent que leurs recherches permettront de « guérir les maladies dans lesquelles de multiples gènes sont impliqués ou de décupler l’efficacité des thérapies anticancéreuses ».

Toutefois, ces « modifications de masse » s’avèrent risquées, au vu des « dommages collatéraux invisibles aux premier abord » qui pourraient survenir, ou encore du risque de mosaïcisme.

 

Note de la rédaction : Ces résultats sont publiés sur le site BiorXiv, qui publie des études avant acceptation par un journal : Enabling large-scale genome editing by reducing DNA nicking

Source : Futura Santé, Céline Deluzarche (1/04/2019)

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