Transhumanisme : “L’éthique doit devenir le cadre de nos prises de décisions”

Publié le 11 Juil, 2017

Lors des 17èmes Rencontres économiques d’Aix en Provence, du 7 au 9 juillet 2017, Paul Jorion, anthropologue et essayiste belge, s’est exprimé à la session « serons-nous encore des humains ? ».

 

Selon lui, l’éthique doit devenir le cadre de nos prises de décision concernant les nouveautés techniques. Il a remarqué que si l’armée s’intéresse à un nouveau produit technologique, « la question de son caractère éthique ou non ne sera pas posée au public, quelle que soit sa dangerosité, car c’est l’intérêt national, dans une perspective défensive ou offensive, qui constituera le caractère décisif de son adoption ».

 

L’anthropologue souligne alors que « l’homme augmenté » suscite des inquiétudes alors que le « soldat augmenté », lui, est parfaitement accepté dans le monde politique et militaire. En observant l’histoire, il remarque que les inventions adoptées par le domaine militaire finissent par se propager dans le reste de la société. Il explique :  « le détour par la défense permet donc à une innovation qui aurait été rejetée a priori comme contraire à l’éthique de devenir quand même accessible au grand nombre, même si c’est alors avec un délai considérable ».

 

Dans le cas où un comité national d’éthique s’opposerait à une invention, celle-ci est développée par la Chine,  « chef de file mondial dans l’amélioration génétique[1] » jusqu’à être suivie par l’Occident. A long terme, Paul Jorion constate une « absence de tout  filtrage d’ordre éthique » donnant lieu à un développement parallèle : « d’une part, les techniques qui permettront le développement transhumaniste d’un individu considérablement augmenté, voire devenu immortel et, d”autre part, celles qui génèrent la disparition du genre humain en tant que tel », comme c’est le cas pour l’invention du nucléaire.

 

L’essayiste conclut : « Une course est donc engagée entre les deux points d’arrivée aujourd’hui de notre génie technologique : d’une part, en tant que source de vie, éventuellement même éternelle, bien au-delà donc de ce qui apparaissait comme ses limites naturelles et, d’autre part, en tant que source de mort pour l’espèce tout entière, signifiant son extinction ».

 

[1] texte daté 8 août 2016 sur le site “Intelligence artificielle et transhumanisme” (iatranshumanisme.com)

Le Tribune, Paul Jorion, serons-nous encore des humains ?  (10/07/2017)

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