Décès de la première greffée de visage

Publié le 6 Sep, 2016

Isabelle Dinoire, première greffée du visage, est décédée le 22 avril dernier. L’annonce du décès a été retardée selon un accord établit avec la famille.

 

Elle avait reçu une greffe partielle du nez de la bouche et du menton, le 27 novembre 2005 au CHU d’Amiens, au cours d’une opération de près de 15 heures. Au-delà de la prouesse technique, le professeur Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d’Amiens, interrogé 6 ans après la greffe « sur la tolérance immunologique et psychologique » expliquait que « chaque jour gagné est un succès », « le fond du problème était le risque de rejet de la peau, car la peau est le tissu le plus puissamment immunogène de l’organisme ».

 

De son côté, Isabelle Dinoire révélait dans un livre publié deux ans après la greffe que la chose la plus difficile était d’accepter l’intérieur de la bouche de quelqu’un d’autre : « C’était bizarre de le toucher avec ma langue. C’était doux. C’était horrible ».

 

Il semble que les traitements immunosuppresseurs dispensés sur le long terme, qui pourraient être la cause des deux cancers dont souffrait Isabelle Dinoire, n’aient pas suffit à enrayer le rejet de la greffe qui l’a privée l’année dernière de l’usage de ses lèvres (cf. Devons-nous continuer à procéder à des greffes de visages ?).

 

Du côté éthique

Deux ans avant la greffe, le CCNE avait donné un timide accord à « l’allo-transplantation de tissu composites (ATC) au niveau du visage ou de la face », «dans le cadre d’un protocole précis multidisciplinaire et multicentrique» et en vue de reconstituer « le triangle bouche-nez qui redonne une certaine identité morphologique au visage ».

 

Comme le souligne le Figaro, « la particularité des accidents ou maladies déformant le visage de façon majeure, éligible à la greffe, est qu’il ne s’agit généralement pas là d’une question de vie ou de mort stricto sensu. Le handicap n’est pas mortel. C’est pourquoi la décision d’imposer à vie au patient un traitement immunosuppresseur, sans même parler des risques d’échec de l’opération elle-même, ne va pas de soi. En 2004, le Royal College des chirurgiens anglais concluait d’ailleurs qu’ ‘il n’était pas sage de procéder à une transplantation de visage’ ».

 

Une question difficile car, comme le rappelle le Pr Daniel Alam, le chirurgien micro-vasculaire en chef de la première transplantation de visage effectuée aux États-Unis, à la Cleveland Clinic (Ohio), « la partie centrale du visage est aussi la clé de notre identité physique ».

 

 

Le Figaro (Anne Jouan et Damien Mascret) 07/09/2016

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