Londres vote la FIV à 3 parents

Publié le 4 Fév, 2015

La Chambre des Communs a voté hier après-midi, à 382 voix pour et 128 contre, l’autorisation de créer des embryons à partir de 3 ADN. Ce vote constitue une première mondiale. Le texte doit maintenant passer par la Chambre des Lords, “une étape considérée comme une simple formalité”, d’après l’AFP.

 

A la veille de ce vote, la Grande Bretagne a reçu une lettre ouverte signée de 45 députés européens pour l’alerter quant aux problèmes éthiques soulevés par cette autorisation si elle était donnée (Cf. Royaume-Uni, 45 députés contre la FIV à “3 parents“).

 

De nombreux scientifiques émettent leur grande réserve au sujet de la conception in vitro d’êtres humains à partir de trois patrimoines génétiques. “C’est une nouvelle étape dans la manipulation des gamètes à des fins thérapeutiques”, commente Jean-Yves Nau.

 

Le Pr René Frydman, pionnier de la Fécondation in vitro en France, ne semble pas faire confiance à cette technique de remplacement mitochondrial (Cf. Synthèse Gènéthique du 3 février 2015). Il estime d’une part que cette méthode est “insuffisamment testée”[1]. Et d’autre part, parce qu’elle entraine une modification génétique qui se transmettra de génération en génération[2], invite à la plus grande prudence.  Enfin, il fait part de sa crainte de voir ce procédé utilisé à l’avenir pour faciliter des grossesses tardives, et non plus seulement pour empêcher la transmission de maladies génétiques.

 

Pour David King “une fois cette frontière éthique franchie, une fois acté le fait qu’il est permis de manipuler le génome humain, il deviendra difficile de ne pas franchir les étapes suivantes pour aboutir à un monde de bébés fabriqués sur mesure, un scénario que tout le monde veut éviter”, un avis partagé par Jacques Testart (Cf. Synthèse Gènéthique du 4 mars 2014).

 

Des experts ont par ailleurs soulevé des incertitudes, notamment celles relatives aux risques encourus par les enfants ainsi conçus. Ce risque porte sur le développement de certaines affections, comme les cancers.

 

Enfin, les Eglises catholique et anglicane d’Angleterre ont aussi émis des réserves.

 

[1] Cette méthode n’a jusqu’à présent été testée que chez le singe.

[2] Le remplacement mitochondrial modifie les cellules germinales, c’est-à-dire les cellules des organes sexuels. Elles transmettront à leur descendance les mutations génétiques qu’elles auront subies.

 

AFP 3/02/2015 – Le Monde (Paul Benkimoun) 3/02/2015 – La Croix (Tristan de Bourbon) 4/02/2015 – Blog de Jean-Yves Nau 4/02/2015

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