Un appel au débat éthique par un promoteur des tests prénataux

Publié le 25 Mar, 2014

 Dans le supplément Science&médecine du Monde, Laurent Alexandre, président de DNAVision – une société spécialisée dans le séquençage du génome humain et du diagnostic – publie une chronique: “La futurologie médicale est une urgence éthique“. Une “formule choc à laquelle on ne comprend pas tout et qui incite à lire” écrit Jean-Yves Nau1 sur son blog. 

En premier lieu, Jean-Yves Nau souligne que Laurent Alexandre revient sur “son cheval d’industrie“, à savoir la technique du séquençage. Laurent Alexandre met avant cette technique qui va bientôt permettre de connaître l’ensemble des prédispositions génétiques des bébés et rappelle qu’ “un diagnostic génomique complet est […] possible très tôt dans la grossesse à partir d’une simple prise de sang chez la mère“. Un test qui, ajoute-t-il, remplacera, c’est “inéluctable“, l’amniocentèse, invasive. Et pour appuyer les mérites du séquençage, Laurent Alexandre tient à rappeler l’avis 120 du Comité d’éthique, dans lequel recommandation a été faite, aux pouvoirs publics, d’accepter le séquençage prénatal par une prise de sang chez la mère. 

Il tient également à souligner les risques déjà mentionnés par le passé et auxquels peut mener un tel séquençage qui permettra de dépister, pendant la grossesse, des milliers de maladies. Laurent Alexandre précise: “il est hautement probable que [l’IVG] sera privilégiée dans un nombre élevé de prédispositions génétiques. L’encadrement de cette technique sera d’autant plus difficile que le séquençage prénatal, contrairement à l’amniocentèse, se pratique en début de grossesse, période où l’IVG est totalement libre“. 

Nous dévalons le toboggan eugéniste sans débat philosophique” précise Laurent Alexandre: comment peut-on savoir si “telle maladie sera […] encore mortelle en 2030, 2040 ou 2060?”, en référence aux bébés avortés aujourd’hui parce qu’ils présentent une mutation des gènes BRCA1-2, gène relatif aux cancers du sein ou des ovaires. “Aucune structure médicale ne maîtrise la prospective à aussi long terme et le corps médical n’y a jamais réfléchi“. Pourtant, ajoute Laurent Alexandre, “il est crucial de former les médecins à la prospective technologique sauf à accepter l’avortement de nombreux bébés“. 
Jean-Yves Nau précise donc, pour terminer, la question posée par Laurent Alexandre au président du CCNE, Jean-Claude Ameisen : “allons-nous bientôt, si rien n’est fait, ‘condamner, dans le silence des laboratoires et sans débat éthique, des milliers d’enfants chaque année en France?’ ” 

(1) Journaliste et docteur en médecine

 Le Monde (Laurent Alexandre) 26/03/2014 – Journalisme et Santé Publique (Jean-Yves Nau) 25/03/2014

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