“Il n’existe aucun droit à la mort”

Publié le 21 Fév, 2011

Le 31 janvier 2011, le Pr. André Vacheron, ancien président de l’Académie nationale de médecine, s’est exprimé sur les questions de la fin de vie et de l’euthanasie devant l’Académie des sciences morales et politiques. Rappelant que les conditions de la mort ont changé depuis un siècle, il souligne les nombreuses peurs qui surgissent entourant la fin de vie, souvent marquée par des maladies ou des handicaps et donc par la dépendance.

A la question de savoir s’il faut dire toute la vérité à un malade proche de la mort, le Pr. Vacheron répond : "si dire toute la vérité est dans le principe une obligation formelle, il ne faut pas la révéler quand le malade n’est pas en état de la recevoir et qu’elle peut le désespérer. Il ne faut en dévoiler que l’infime partie qui ne ferme aucune porte. Il faut combattre l’angoisse et toujours laisser l’espérance".

Partant de la définition précise de l’euthanasie comme un acte provoquant la mort d’une personne malade incurable afin d’abréger ses souffrances ou son agonie, il a exposé cinq types d’actions médicales s’effectuant en fin de vie, depuis les moins problématiques à celles qui sont éthiquement controversées. Il s’agit de :

– 1) L’administration d’analgésiques à doses élevées et croissantes qui peuvent accélérer le décès ;
–  2) La limitation ou l’abstention des traitements actifs ou de réanimation ;
– 3) L’arrêt des dispositifs de survie artificielle : par exemple le débranchement d’un respirateur;
–  4) L’aide au suicide assisté ;
–  5) L’injection d’une substance létale.

Si les trois premières pratiques ont pu être désignées comme "euthanasie passive", il ne s’agit en réalité pas d’euthanasie, explique le Pr. Vacheron, car le but est le soulagement du malade incurable que l’on laisse évoluer naturellement vers la mort. L’on qualifie parfois les deux autres pratiques d’ "euthanasie active" : il s’agit d’un pléonasme, l’euthanasie étant un acte délibéré pour provoquer la mort. Refuser une "thérapeutique déraisonnable" n’a rien à voir avec une euthanasie : "le médecin assume la limite de son pouvoir alors que dans l’euthanasie il l’utilise pour arrêter la vie". Le Pr. Vacheron évoque deux autres définitions de l’euthanasie qui mettent en avant la volonté du malade. L’euthanasie dite "involontaire" n’est rien d’autre qu’un homicide prémédité. L’euthanasie dite "volontaire" consiste en un suicide assisté. Cet acte pose la question de la responsabilité morale de la personne ayant aidé une autre à se suicider.

Le Pr. Vacheron insiste sur les droits que la loi Leonetti de 2005 offre au patient et au médecin et sur l’intérêt du développement des soins palliatifs à l’hôpital et à domicile. En conclusion il affirme que "l’euthanasie n’est pas une alternative aux soins palliatifs qui doivent être délivrés à un agonisant. […] La loi a vocation à se fonder sur des pratiques, non sur des exceptions. Il n’existe aucun droit à la mort mais un droit de la mort. La dignité de l’homme est de l’accepter à son heure, celle du soignant de l’accompagner sans la provoquer".

Canal Academie.com 20/02/11

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