L’Institut Pasteur a mené une première étude publiée hier, concernant le risque pour une femme enceinte infectée par le virus Zika, de donner naissance à un enfant atteint de microcéphalie. Ce risque serait de l’ordre de 1%, « soit 50 fois plus élevé qu’en temps normal ». Le premier trimestre de la grossesse est le plus à risque. En dehors de tout épisode épidémique, le risque est estimé à 0,02%.
Cette étude statistique est basée sur les données collectées en Polynésie française pendant et après l’épidémie de Zika en 2013-2014, et l’« identification rétrospective des cas de microcéphalie observés entre septembre 2013 et juillet 2015 ». Elle ne porte « que sur huit cas de microcéphalie, dont sept apparus durant les quatre mois qui ont suivi l’épidémie de Zika », mais « compte tenu de la qualité des données presque exhaustives selon les chercheurs, l’étude apporte un argument puissant et inédit de l’implication du virus Zika dans la flambée de cas de microcéphalie observées en Amérique latine et dans les Caraïbes ».
Le docteur Simon Cauchemez, principal auteur de l’étude, précise que « ce niveau de risque par femme enceinte infectée est plus faible qu’avec d’autres infections virales associées à des lésions cérébrales durant la grossesse ». Par exemple, une infection par le virus de la rubéole au premier trimestre de grossesse entraine un risque de complication fœtale grave de l’ordre de 38 à 100%. A la différence cependant qu’il existe un vaccin contre la rubéole.
Certains spécialistes font toutefois valoir que « le risque pourrait ne pas être le même en Polynésie française et Amérique du Sud du fait de différences ethniques, virologiques ou environnementales ». Une autre étude au Brésil, « avec une grande marge d’incertitude », estime ce même à risque à 22%.
Jean Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, rappelle qu’« en toute rigueur », la relation de cause à effet n’est toujours pas scientifiquement démontrée (cf. Une publication médiatisée sur un éventuel lien entre Zika et microcéphalie). « Faut-il attendre qu’elle le soit ? Et si on estime que non, quelles conclusions en tire-t-on ? »
Jean Yves Nau (16/03/2016)