Ce n’est pas une compétition, mais si c’en était une, « le cerveau biologique serait bien en avance sur le cerveau numérique », explique Yann Le Cun, directeur scientifique de l’IA chez Facebook. Aujourd’hui, « les technologies qui permettent de reproduire les fonctions de cerveau même d’animaux simples comme les rats ».
Alors qu’il évoque la voiture autonome, Yann Le Cun explique que « ce qui bloque vraiment c’est qu’on n’a pas les technologies d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique qui permettent à un système automatique de conduite d’apprendre à conduire avec une vingtaine d’heure comme n’importe quel humain peut le faire. Si on voulait utiliser les techniques qu’on a à l’heure actuelle pour entrainer une voiture à se conduire toute seule, il faudrait l’entrainer pendant des centaines ou milliers d’heures. Et puis elle causerait des milliers d’accidents. Alors on peut essayer de faire ça en simulation, mais la simulation n’est jamais vraiment parfaite ».
Il souligne la supériorité des humains qui ont « un modèle du monde qui leur permet de prédire ce qui va se passer à l’avance. On n’a pas besoin de tomber d’une falaise ou de rentrer dans un platane pour se rendre compte que c’est une mauvaise idée de le faire. On n’a pas besoin de tourner le volant vers le platane pour se rendre compte qu’on va rentrer dedans, on va prédire ce qui va se passer, on a ce modèle du monde qui nous permet de planifier pour éviter des catastrophes. On ne sait pas entrainer les machines pour reproduire ce modèle du monde ». Il poursuit : « Les bébés dans les premières heures, les premiers jours les premiers mois apprennent de façon gigantesque sur la façon dont fonctionne le monde. Ce sont des choses dont on a l’impression qu’elles ne requièrent pas beaucoup d’intelligence parce qu’elles sont un peu automatiques », mais les ressources mobilisées par « notre cerveau pour analyser les images qu’on reçoit à travers nos yeux » sont énormes.
France info, Jérôme Colombain (20/10/2018)