Dans le magazine Valeurs Actuelles, Aude Mirkovic, maître de conférences en droit privé à l’université d’Evry-Val-d’Essonne, et Pierre-Olivier Arduin, directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, reviennent sur les thérapies régénératrices, "l’un des concepts les plus séduisants de la biomédecine contemporaine". Rappelons que celui-ci repose sur les cellules souches, capables de se différencier en cellules spécialisées et susceptibles de réparer des organes défaillants.
Dans la course aux thérapies régénératrices que se livrent les chercheurs, les auteurs dénoncent "le pari d’avoir tout misé sur une seule source d’extraction – les embryons humains". Ce choix paraît plus que jamais être le mauvais, au regard des contre-performances accumulées par les cellules souches embryonnaires : médiocre tolérance immunitaire (cf. Synthèse de presse d’août 2008) ; potentiel prolifératif incontrôlable (cf. Synthèse de presse du 24/10/06)… et des performances des cellules souches adultes – celles issues du sang de cordon et celles dites induites (cellules iPS) – qui "suscitent une avalanche de publications".
Les auteurs rappellent le récent lancement du consortium Novus Sanguis, créé par la Fondation Jérôme Lejeune et l’équipe du Pr Colin McGuckin (université de Newcastle) pour développer la recherche sur les cellules de sang de cordon et les cellules adultes (www.novussanguis.org), preuve de l’intérêt que suscite ce type de cellules.
Rappelons que la loi de bioéthique du 6 août 2004 pose le principe de l’interdiction des recherches sur l’embryon et n’y déroge en les autorisant que "lorsqu’elles sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs et à la condition de ne pouvoir être poursuivies par une méthode alternative d’efficacité comparable, en l’état des connaissances scientifiques". Comment respecter aujourd’hui ces deux exigences ? C’est donc la légalité même des autorisations de recherches sur l’embryon délivrées par l’Agence de la biomédecine (ABM) qui est en jeu. Les auteurs rappellent que les ministres de la Santé et de la Recherche ont aussi le devoir de retirer les autorisations accordées par l’ABM lorsque le respect des principes éthiques n’est pas assuré…
Pour Aude Mirkovic et Pierre-Olivier Arduin, "la concordance frappante entre le respect de l’être humain dans sa phase embryonnaire d’une part et les progrès enregistrés dans le champ des cellules souches adultes d’autre part appelle à une réconciliation entre l’éthique et la science". "Le législateur ne saurait l’ignorer au moment de réviser la loi de bioéthique", concluent-ils.
Valeurs Actuelles (Aude Mirkovic, Pierre-Olivier Arduin) 25/09/08