Appelé pour la première fois à se prononcer sur un végétal génétiquement modifié par CRISPR, le département américain de l’agriculture (USDA) a jugé que son administration « n’avait pas le pouvoir d’encadrer la culture d’un champignon de Paris génétiquement modifié par CRISPR ». Il a déclaré n’avoir « aucune base juridique pour imposer à la culture un examen par la FDA »[1]. Cette « décision équivaut à un feu vert pour l’utilisation de la nouvelle variété ». Toutefois la FDA peut encore décider de s’autosaisir du sujet.
Yinong Yang, physiopathologiste à l’Université d’Etat de Pennsylvanie a modifié génétiquement un champignon de paris « pour augmenter sa durée de vie et donc sa date limite de consommation ». Pour cela, il a ôté du génome du champignon six gènes « responsables de la couleur brune qui se propage à la surface d’un fruit ou d’un légume coupé ».
Selon l’USDA, ce champignon n’est pas un organisme génétiquement modifié (OGM), car « il n’y a pas eu d’ajout de virus ou de bactérie étrangère au génome de la plante par transgenèse ». « Seuls six gènes ont été soustraits » avec CRISPR.
L’administration américaine s’interroge cependant « sur la nécessité de modifier sa règlementation ». L’Académie américaine des sciences mène une réflexion globale sur CRISPR. C’est aussi une question que se posent tous les pays développés, qui y apportent des réponses diverses. L’Union européenne « doit produire un avis détaillé qu’opposants et partisans des OGM attendent depuis des mois ». En France, le « sujet a provoqué un conflit au sein du Haut Conseil des Biotechnologies » (cf. Les « plantes du futur » font polémique au Haut Conseil des biotechnologies ). Les enjeux sont importants : « Si les nouvelles techniques d’hybridation étaient in fine considérées comme n’étant pas des modifications génétiques, elles échapperaient à la règlementation actuelle d’étiquetage et d’information des consommateurs sur les produits contenant des OGM ».
[1] Food and Drug Administration.
Sciences & Avenir (26/04/2016)