C’est aujourd’hui que le Comité national d’éthique doit se prononcer sur la possibilité de créer un enfant pour sauver un frère ou une soeur atteint d’une maladie héréditaire.
Le premier cas a eu lieu aux Etats-Unis en 2000. Un bébé a été conçu par FIV, puis sélectionné parmi 15 autres embryons pour sa compatibilité génétique avec sa soeur qui était atteinte d’une maladie du sang. En France, 7 à 8 couples réclament aujourd’hui de pouvoir bénéficier de cette technique.
Généralement les enfants concernés souffrent d’une maladie héréditaire du sang ou de cancers du sang. Aujourd’hui ils sont traités par greffe de moelle. Mais l’autre solution qui consiste à prélever les cellules souches du cordon ombilical, du frère ou de la soeur préalablement triés en fonction de sa “carte d’identité génétique” paraît pour certains plus prometteuse.
La question qui se pose donc aujourd’hui est de savoir si l’on peut étendre ce DPI à la sélection d’un embryon en vue du traitement d’autrui? Pour le docteur Stéphane Viville, responsable d’une unité de DPI à Strasbourg “J’ai peur que l’on donne de faux espoirs aux parents car statistiquement, seuls trois embryons sur 16 seront à la fois sains et immunocompatibles avec l’enfant à traiter.En outre une “bonne” fécondation in vitro ne marche qu’à 30% : il faudra faire au moins trois tentatives. Cela peut être très long, pour un résultat aléatoire“. Résultats qui peuvent donc être dissuasifs.
Autre question qui se pose : peut-on concevoir un enfant non pour lui même, mais pour le bénéfice d’un tiers? Avec pour répercussions des risques psychologiques pour l’enfant qui n’aurait été conçu que pour sauver son frère ou sa soeur, le tout mêlé à un sentiment de culpabilité en cas d’échec.
Sur le plan éthique enfin, il semble que l’on franchisse un nouveau pas dans l’instrumentalisation de l’homme par l’homme. Notons enfin que cette technique entraîne la production de plusieurs embryons dont seulement un très petit nombre sera “utilisé” pour être réimplanté, les autres étant détruits. Ainsi dans le cas qui s’est présenté aux Etats Unis, 15 embryons ont été conçus parmi lesquels un seul a été sélectionné et réimplanté. Les 14 autres ont été détruits parce qu’ils n’avaient pas les bonnes caractéristiques génétiques (cf revue de presse du 04/10/00).
La Croix (Marianne Gomez) 08/07/02 – Gènéthique