Nous ne sommes plus à une contradiction près. Alors que la France se confine à répétition depuis plus de 9 mois pour tenter de sauver le plus grand nombre de personnes d’une mort liée à la pandémie, 118 députés, sous la houlette de Jean-Louis Touraine, déposent une proposition de loi « visant à garantir et renforcer les droits des personnes en fin de vie »
Selon les termes de la proposition de loi, il s’agit d’autoriser « l’assistance médicalisée active à mourir ». Considérée comme un « droit ouvert à une personne majeure et capable, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, provoquant une douleur physique ou une souffrance psychique insupportable ». Une fois encore, un droit suppose un bien. Comment la mort, considérée de tout temps comme un mal absolu, définitif, pourrait-elle entrer dans ce cadre ?
Et, pour brouiller davantage les cartes, la mort sera réputée « naturelle » pour ne pas spolier les héritiers et protéger les médecins qui pourront, cependant, faire jouer une clause de conscience s’ils ne souhaitent pas pratiquer d’euthanasies.
La proposition de loi affirme par ailleurs « un droit universel à des soins palliatifs et à un accompagnement », mais il est à craindre que la mesure soit de pure forme, ne visant qu’à rassurer – ou à endormir ? – des députés hésitants.
Ainsi, « apprendre à mieux entendre malades ou mourants, apprendre à mieux respecter leur liberté » consisterait en une abdication au moment même où la personne humaine est aux portes de la vie, où elle est la plus vulnérable, la plus fragile. Qui entendra la souffrance cachée, la peur d’être un fardeau, l’impression d’être désormais inutile ? Si 85% des Français souhaitent « mourir à domicile », ils ne veulent pas forcément y être tués. La question de l’aide à mourir a montré, particulièrement ces derniers temps, que l’ambigüité d’une telle demande est notoire et elle a fait l’objet de revirements spectaculaires tels la mise en scène de la mort d’Alain Cocq ou les accusations de Jacqueline Jencquel.
Une question demeure, quelle sera la position du gouvernement sur cette épineuse question ?
Photo : Free images