« Le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne suicidée (famille, camarades de classe, collègues de travail, etc.) », souligne le professeur Pierre Thomas, chef de pôle de psychiatrie au CHRU de Lille, dans une étude publiée dans un numéro spécial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le 5 février dernier. Un suicide endeuille en moyenne « sept proches et impacte plus de 20 personnes ». Cette étude sur le phénomène de « contagion suicidaire » n’est pas la première.
Le professeur Thomas explique que « la probabilité de passage à l’acte augmente chez les personnes en difficulté, déprimées ou ayant déjà eu des idées suicidaires ». Ces personnes vulnérables sont alors plus facilement tentées de passer à l’acte, par mimétisme.
Pour prévenir ces risques de contagion, le psychiatre préconise d’en parler, mais avec retenue, sans présenter le suicide comme quelque chose de positif. « Il faut éviter les formules du type ”maintenant, il repose en paix” ou “on ne pouvait rien faire”, pour ne pas que le suicide apparaisse comme la seule issue possible pour une personne qui va mal », explique le professeur Thomas. « Il y a cette idée qu’en parler peut faire naître des idées suicidaires chez autrui. Or, c’est l’inverse : ne rien dire, c’est perpétuer l’idée chez une personne fragile qu’aller mal ou avoir envie de mourir est quelque chose qui doit rester caché. »
La Croix, Pierre Bienvault (5/02/19) Des psychiatres alertent sur la « contagion » suicidaire