Lors de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité qui s’est déroulée du 8 au 19 avril dernier à la Haye, Leonor Zalabata Torres, une indienne Arhuaco de quarante six ans est venu dénoncer “ce qui est la pire forme de pillage génétique, le vol du sang, du sang de mon ethnie“.
En 1997, des médecins de l’université de Bogota sont venus expliquer à cette ethnie qu’elle souffrait de manière anormale de tuberculose et de diabète. Ils ont alors mis en place des consultations gratuites avec distribution de médicaments et une prise de sang “pour des analyses complémentaires”.
Or très rapidement, les membres de l’ethnie se sont aperçus que les fioles de sang étaient passées de l’université de Bogota à un institut de santé de Washington. Il semblerait en effet que les chercheurs aient réussi à identifier dans ce sang un gène utile pour la production de nouveaux médicaments.”Ni l’université de Bogota, ni le gouvernement colombien n’ont démenti la possibilité que notre sang serve à des fins commerciales, à breveter une cellule” (…) c’est du vol, ce n’est pas de l’éthique” dénonce Leonor Zalabata.
C’est donc sous couvert de recherches plus approfondies sur la tuberculose et le diabète queces laboratoires ont détourné des échantillons de sang à des fins génétiques et dans la perspective d’une future brevetabilité.
Ce type d’histoire est bien connu des spécialistes de la biopiraterie qui y voient un motif supplémentaire pour obtenir des bioprospecteurs des contrats clairs et transparents.
Libération (Vittorio de Filippis) 22/04/02