Des chercheurs du centre médical universitaire Erasmus à Rotterdam dénoncent dans un éditorial publié récemment « la rapidité avec laquelle le diagnostic d’infertilité est posé et le mercantilisme autour de sa prise en charge ».
En Europe, près de 900 000 enfants issus de FIV sont nés entre 1997 et 2011. Ce chiffre s’élève à plus d’1,4 million aujourd’hui, estiment les chercheurs. Mais selon eux « le recours croissant à la procréation médicalement assistée au cours des dernières années n’apparaît pas justifié par une baisse générale de la fertilité ». Ils mettent en cause d’autres facteurs :
- l’ « impact de dérives sémantiques de la définition d’infertilité » : l’OMS avait fixé dans les années 70 à 2 ans le délai nécessaire avant de poser le diagnostic d’infertilité[1]. « Sans raison évidente », ce délai est désormais ramené à 1 an. Pourtant « environ la moitié des couples en échec de conception au bout d’un an y arriveront au cours de la deuxième année ».
- de fausses alertes sur la qualité du sperme, car « il n’existe à ce jour, aucune preuve scientifique concernant une éventuelle baisse de la concentration du sperme au cours du siècle dernier susceptible d’être à l’origine d’une ‘épidémie d’infertilité’ ».
- le mercantilisme autour de la prise en charge de la fertilité. Les deux premiers facteurs entretenant « inquiétudes », « rumeurs » et stress des couples, le terrain était alors favorable pour « se lancer dans le commerce de la PMA. Comme il est d’usage dans les affaires, l’offre et la promotion créent la demande, qui à son tour génère plus d’offres ». Un processus qui a « probablement beaucoup contribué à la tendance à l’augmentation du recours à la FIV ». Mais ces « spécialistes » du business de la PMA usent également de moyens « plus subtils » : le « financement d’études, de conférences et de publications mettant en exergue le pouvoir de la FIV pour combattre le déclin de la fertilité et le vieillissement de la population ».
Le site Pourquoi docteur rappelle à cet égard que « par rapport à une grossesse naturelle, la FIV n’est pas sans risques. Ni pour la mère, qui est plus exposée aux complications comme le diabète gestationnel ou la pré-éclampsie, ni pour l’enfant, dont les risques de prématurité, de petit poids de naissance et de certaines malformations congénitales sont accrus ».
[1] « Incapacité à concevoir sur une période spécifique malgré des rapports non protégés réguliers ».
Le Point, Anne Jeanblanc (10/05/2017); Pourquoi Docteur, Antoine Costa (10/05/2017)