Forte de 23 années de recherches menées par le laboratoire Inserm du CHU de Lille, Mdoloris, une entreprise lilloise, a mis au point un « moniteur capable de mesurer en temps réel la douleur ressentie par un patient ». Pour des patients inconscients sous anesthésie générale ou dans un coma artificiel, incapables de faire un retour sur l’intensité de leur douleur, « cette technologie permet en continu et de manière non invasive de quantifier de combien souffre l’organisme, explique Fabien Pagniez qui a fondé l’entreprise. Les cliniciens peuvent alors personnaliser la quantité d’antidouleurs qu’il faut au patient ».
L’émission de « toutes les réponses non-réfléchies du cerveau » est captée. Ces émissions proviennent de l’activité du cerveau reptilien, le sous-cortex, qui est responsable de la douleur. De cette façon, les soignants peuvent ajuster les soins aux besoins du patient. En effet, dans le cas de patients covid en réanimation par exemple, trop de drogue antidouleur peut générer une dépression respiratoire quand pas assez, peut entrainer une réponse inflammatoire. « Dans les deux cas, les conséquences sont graves », souligne Fabien Pagniez.
Un traitement mieux adapté permet aussi d’éviter des « effets indésirables ». « L’organisme réagit à la douleur, poursuit le fondateur de l’entreprise. Lorsque cette douleur est mal gérée, 60% des patients vont se réveiller avec des douleurs, 30% avec des nausées et des vomissements. Lorsqu’un patient est cancéreux, le surdosage d’antidouleurs peut provoquer un risque de métastases. A l’inverse, lorsqu’on n’en donne pas assez, l’organisme se protège et le patient devient instable, ce qu’il faut absolument éviter au bloc opératoire ou en réanimation ».
Le moniteur permet aussi d’alerter le seuil d’épuisement du patient pour éviter que sa survie ne soit remise en cause.
Source : Europe 1, Clément Perruche (17/11/2021)