Transhumanisme : entre engouement et peurs, l’homme jusqu’où ?

Publié le 14 Oct, 2014
A la demande des Semaines sociales de France, de France Télévision et de La Croix, le Crédoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) a réalisé une enquête sur le transhumanisme afin de connaître le ressenti des français face à ce mouvement intellectuel qui a pour but de “dépasser la ‘pauvre’ condition humaine en tentant d’abolir la souffrance, la maladie, le vieillissement voire la mort elle-même. Et donc de viser l’immortalité“, explique  Marie-Jo Thiel1 dans un entretien accordé au quotidien La Croix. C’est en tout cas l’objectif “clairement affiché des hauts responsables de Google” (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13 juin 2014), ajoute le médecin. “In fine, le transhumanisme vise à occulter la vulnérabilité, la fragilité naturelle de l’homme”. Et la conséquence en est la suivante : “en faisant de l’homme un robot, [le transhumanisme] en fera un ‘être’ dépourvu d’une partie de ce qui fait l’homme depuis la nuit des temps : l’aptitude à éprouver des sentiments, de l’émotion“. 
 
Mais qu’en pensent les Français ? En soi, le fait de vouloir “s’affranchir radicalement de ses propres limites biologiques” n’est pas une aspiration nouvelle. “Mais les avancées convergentes de la science dans les domaines des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’informatique et des sciences cognitives (NBIC) lui ont donné une nouvelle vigueur” précise le quotidien

 

Selon l’enquête du Crédoc:
  • 62% des Français intérrogés estime que “les limites humaines seront continuellement repoussées”;
  • 58% “pensent que les progrès de la médecine doivent servir à améliorer les capacités physiques et mentales des personnes en bonne santé et ne pas se limiter à soigner les maladies“;
  • presque une personne sur deux pense que la médecine doit aider à “repousser les limites de la mort” ; et
  • 38% que ces progrès doivent lutter contre les marques du vieillissement“. 
 
Cependant, la prudence est de mise lorsque ces évolutions visent le cerveau, les objets connectés ou encore l’utilisation des données personnelles. 

 

Exemple d’objet connecté : Watson, créé par IBM, un “système d’intelligence artificielle capable d’analyser tous les renseignements médicaux des patients, et de les croiser avec des millions d’autres dossiers pour dégager un diagnostic et prescrire le meilleur traitement“. Selon l’enquête du Crédoc, ce type de projet fait l’objet d’un important rejet : 76% des personnes intérrogées ne se disent pas prêtes ” à installer un capteur microscopique sous la peau qui surveillerait en permanence leur état de santé et communiquerait en temps réel des informations à un centre médical afin d’être mieux soigné en cas de maladie “.
 
Ainsi, entre engouement et peurs, et “dans un monde en devenir permanent, on aura besoin plus que jamais de réflexions éthique et philosophique à propos de l’humanité que nous appelons de nos voeux” estime Marie-Jo Thiel. 
 
 
1. Marie-Jo Thiel est médecin et professeur d’éthique à l’Université de Strasbourg. 
 
Note de Gènéthique
Retrouvez les articles de Gènéthique sur le thème du transhumanisme sur la page dédiée à ce thème

La Croix (Emmanuelle Réju – Denis Sergent – Stéphane Dreyfus) 14/10/2014 – Gènéthique 

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