En Thaïlande, la promulgation d’une loi autorisant la pratique des mères porteuses est imminente. Jusqu’à présent, la gestation pour autrui (GPA) ne fait l’objet d’aucune législation particulière en Thaïlande : elle n’est pas légale ni proscrite. Toutefois, une simple recherche sur Internet permet de constater un grand nombre d’offres commerciales dans le domaine de la GPA. Devant cette profusion d’offres, de nombreux Thaïlandais et étrangers croient que les mères porteuses sont légales en Thaïlande. Les sociétés proposant des GPA assurent que ce sont les noms des parents génétiques de l’enfant qui apparaîtront sur le certificat de naissance et non celui de la mère porteuse. Pourtant, le Code civil affirme que "c’est la femme qui a donné naissance qui est inscrite comme la mère de l’enfant dans les registres d’état-civil ; si celle-ci est mariée, elle-même et son époux sont considérés comme les époux légitimes de l’enfant", explique Rebecca Ponce, avocate philippine travaillant auprès du barreau de Bangkok. Elle précise que c’est la popularité grandissante de la pratique des mères porteuses qui a conduit le législateur thaïlandais à étudier la question.
Le Parlement thaïlandais a voté un texte de loi en mai 2010 qui n’a pas encore été promulgué par le roi. Deux types de GPA seraient autorisés : lorsque l’embryon implanté dans une mère porteuse est issu des gamètes d’un couple marié, ou lorsqu’il est issu d’une fécondation entre les gamètes d’un des membres du couple et ceux d’une tierce personne (donneur). La loi interdirait tout paiement à un tiers ou à la mère porteuse et tiendrait pour non recevable, en cas de litige, tout contrat privé passé entre une mère porteuse et un couple.
Dès le début du travail des parlementaires sur le texte de loi voté en mai dernier, l’Eglise catholique a travaillé en collaboration avec les bouddhistes et les musulmans en faveur de l’interdiction de la GPA. Pour le Père Siranon Sanpetch, directeur adjoint de la branche thaïlandaise de Pro Life Movement, cette loi ne pose pas de limites suffisantes : toute femme voulant un enfant mais ne souhaitant pas en assurer la gestation, quelle que soit la raison (poursuite de son travail, ne pas « abîmer » son corps, etc), pourra facilement recourir à la GPA. Il cite les cas de plusieurs actrices de cinéma qui ont recouru à des mères porteuses et constate que les médias ne s’interrogent nullement sur la moralité de la GPA : "l’opinion publique n’est pas assez avertie des tenants et aboutissants de cette pratique". Siranon Sanpetch avertit que "la gestation pour autrui deviendra un job comme un autre" si la loi est promulguée.
Eglises d’Asie 29/07/10