Le Conseil fédéral veut autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Son avant-projet de loi se heurte à ceux qui refusent l’instrumentalisation de la vie humaine face aux progrès de la recherche. Il envisage de recourir aux embryons surnuméraires issus de FIV mais ce, sous conditions strictes. Il maintient l’interdiction de créer des embryons à des fins de recherche ( d’où des éventuelles difficultés « d’approvisionnement » à long terme), le clonage est interdit, le consentement des parents est requis et le principe de gratuité consacré.
Les enjeux scientifiques et thérapeutiques sont considérables. Pour autant, ce terrain prometteur semble renfermer plus d’espoirs que de certitudes d’où les controverses.
Patrick Aebischer, président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), considère qu’empêcher la recherche représenterait un danger et notamment le risque qu’elle émigre vers les pays qui l’autorisent.
Pour Alexandre Mauron, professeur de bioéthique à la faculté de Genève, l’embryon compterait mais les « vraies » personnes compteraient davantage. Il précise que cette recherche doit être limitée, notamment en l’excluant de la brevetabilité.
Quant à Ruth Baumann-Hölzle, théologienne de formation et membre de la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine, elle refuse que la vie humaine soit instrumentalisée. “Des espoirs ne peuvent justifier que l’on utilise la vie humaine à d’autres fins qu’elle-même” (…) “il faut respecter l’interdit qui prescrit de ne pas nuire à autrui“.
Le Temps (Denis Masmejan) 28/06/02