Suisse : Des organisations de personnes handicapées unies contre le DPI

Publié le 9 Juin, 2015

Les Suisses devront se prononcer sur le Dépistage Pré-Implantatoire le 14 juin prochain (cf. Gènéthique du 24 mars 2015). Un comité interpartis s’est constitué, refusant que la Suisse « ouvre ses portes à l’eugénisme » (cf. Gènéthique du 2 avril 2015). Les évêques catholiques et la fédération des églises protestantes se sont également prononcés contre le DPI (cf. Gènéthique du 12 mai 2015 et du 13 mai 2015).

 

A leur tour, 17 organisations de personnes handicapées se sont unies pour protester contre la levée d’interdiction du diagnostic préimplantatoire : « Si le oui l’emportait dans les urnes ce dimanche, elles sont déjà prêtes à soutenir un éventuel référendum contre la nouvelle loi ». Néanmoins ces 17 organisations ne sont pas toutes fermement opposées au DPI, et les positions sont ambivalentes : certaines sont « d’accord avec la pratique, mais ‘à condition qu’elle soit accessible aux couples atteints par une maladie héréditaire grave uniquement’ » ; d’autres approuvent la suppression de la restriction du nombre d’embryons créés par FIV, mais s’opposent au « screening » du génome humain.

 

Ces organisations craignent toutes « la marginalisation des personnes vivant avec une anomalie », et « ceux qui saluaient dans un premier temps le DPI ont fini par se rétracter lorsque le parlement a décidé d’élargir l’accès au DPI à tous les couples ayant recours à la FIV, notamment pour le dépistage de la trisomie. » Ainsi Urs Dettling rappelle que « le syndrome de Down est une mutation chromosomique, ce n’est pas une maladie héréditaire grave, ni mortelle, qui justifie un dépistage en amont ».

 

Julien Jäckle, directeur d’Integration Handicap dénonce les difficultés que rencontrent les parents d’enfants handicapés : « Nous vivons dans une société dans laquelle la performance compte de plus en plus. Nous devons tout faire pour continuer à aider les plus fragiles, sur le plan législatif comme moral ».

 

Carine Skupien, mère d’une fille atteinte d’un handicap sévère, confirme cette analyse et redoute que « s’ils ne sont pas aidés par la collectivité, les parents de personnes handicapées risques de baisser les bras devant l’ampleur de la tâche ». Par ailleurs elle met en garde contre la pratique du DPI avec laquelle « il existe un véritable risque que les personnes handicapées soient perçues comme des déchets de laboratoire qu’on n’a pas réussi à éliminer. »

 

Note de Gènéthique : voir notre article « En Suisse, des vidéos pour comprendre les enjeux du DPI »

 

Le Temps (09/06/2015)

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