Suicide : un risque « accentué par notre société très individualisée »

Publié le 6 Fév, 2024

« Ecouter la souffrance, c’est prévenir le suicide ». A l’occasion de la Journée nationale de prévention du suicide, le 5 février, Jacques, président de SOS Amitié Strasbourg livre son témoignage.

« On écoute des gens qui sont découragés, révoltés, souffrants, explique-t-il. Certains n’ont pas forcément envie de mettre fin à leurs jours à ce moment-là mais ça peut venir ». « Nous sommes souvent les seuls vers qui se tourner pour ces personnes » qui « ont besoin de retrouver de l’estime », regrette Jacques.

L’année dernière, SOS Amitié Strasbourg a reçu 13.000 appels, issus de toute la France.

Des chiffres inquiétants

D’après les données de l‘Observatoire national du suicide, publiées en septembre 2022, 200 000 tentatives de suicide sont recensées chaque année en France, et 9 000 personnes en meurent.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité « évitable » chez les 18-25 ans, et la première chez les 25-34 ans. Le nombre d’appelants de moins de 14 ans a augmenté de 40 % entre 2020 et 2022 relève SOS Amitié Strasbourg.

En ce qui concerne les adultes, « on retrouve aussi et, c’est frappant, une part importante de personnes suivies psychiatriquement, qui se retrouvent hors du champ de l’activité professionnelle, isolée, comme exclue de la société, indique Jacques. Cet isolement fait terriblement souffrir. C’est la double peine ».

Un « enjeu de santé publique majeur »

« Le suicide demeure un enjeu de santé publique majeur mais l’Etat a mis du temps à s’en saisir », dénonce le bénévole, « le suicide, la mort ça reste tabou ». « L’état de la psychiatrie en France est déplorable » poursuit-il.

« Il faut également être conscient que le risque suicidaire est aussi risque social, souligne-t-il. Il est accentué par notre société très individualisée, où justement l’individualisme est valorisé. » (cf. « La fin de vie n’est pas avant tout un sujet de liberté individuelle mais de solidarité collective ») « Les appartenances y sont fluides, flexibles, il n’y a plus d’attache, moins de liens et donc davantage d’isolement. Un risque majeur pour la santé mentale » prévient Jacques (cf. Isolement social : un risque accru de mortalité prématurée).

« Vous savez, les gens qui songent au suicide pensent tous que leur disparition passera inaperçue, ça signifie quelque chose, pointe-t-il. Qu’ils n’existent déjà plus aux yeux des autres ou du moins qu’ils en ont le sentiment ».

 

Source : France Info, Cécile Poure (04/02/2024)

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