La société de biotechnologies Kallistem, a annoncé la semaine dernière avoir réalisé une “première mondiale “ en ayant créé “des spermatozoïdes humains complets in vitro” (cf. Synthèse de presse Gènéthique du 7 mai 2015). Le procédé serait testé chez l’animal (tests précliniques) pour « vérifier le bon état des spermatozoïdes », puis chez l’homme (essai clinique) « en 2017 ».
Cependant, aucune publication scientifique n’a suivi, et la société refuse de communiquer ses résultats jusqu’à l’obtention du « brevet sur le procédé » (Artistem®) prévue le 23 juin. Une « situation inédite », commente Jean Yves Nau.
« Quid des considérations éthiques ? »
« Les autorités éthiques semblent aux abonnés absents. Idem pour les autorités sanitaires ». Pourtant, « créer un enfant avec un spermatozoïde expérimental » n’est pas anodin. « La ministre de la Santé va-t-elle saisir le Comité national d’éthique ? »
Seul le professeur Israël Nisand a pris la parole : « Cela ne me pose pas de problème éthique ». « Si cela s’avère vrai, c’est un pas en avant considérable dans le traitement de la stérilité masculine », dit-il. Il considère que cette nouvelle possibilité permettrait de « couper l’herbe sous le pied » au clonage reproductif.
Jacques Lansac, gynécologue obstétricien, ancien président du CNGOF[1] et ancien président de la Fédération française des Cecos[2], interrogé par Jean-Yves Nau « ne perçoit pas de problèmes éthiques supérieurs à ceux vécus pour la FIV puis pour l’ICSI : il ne s’agit que de maturation d’une cellule reproductive ».
« Seront-ils contredits ? On peut le penser. On peut l’espérer », conclut Jean Yves Nau.
[1] Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français
[2] Centre d’études et de conservation du sperme
Le Figaro (08/05/2015) ; Jean-Yves Nau (08/05/2015 ; 10/05/2015)