L’examen des lois de bioéthique des 28, 29 et 30 janvier 2003 au Sénat a pour enjeu principal la médecine régénératrice par la thérapie cellulaire en utilisant les cellules souches : recherche sur les embryons surnuméraires, création d’embryons pour la recherche, clonage… Hors de toute considération éthique nous vous proposons ici un compte rendu de l’état des recherches sur les cellules souches adultes et embryonnaires, constat indispensable pour juger sereinement…
Cellules adultes
La plupart des cellules de l’organisme doivent être stables afin de remplir leur fonction (ainsi une cellule du foie ne doit pas se transformer en cellule de la peau). A l’inverse, les cellules souches ont la propriété unique de rester indifférenciées jusqu’à ce qu’un signal précis vienne leur indiquer qu’elles doivent se métamorphoser en cellules spécialisées. Au fur et à mesure que les organes se forment, le potentiel de différenciation des cellules souches se restreint. Mais elles ne disparaissent pas complètement. On sait depuis longtemps que les tissus à renouvellement permanent et rapide comme le sang et la peau hébergent des cellules souches. Elles ont été mises en évidence récemment dans le muscle, le foie, le pancréas et même le cerveau.
Elles se sont révélées d’une plasticité insoupçonnée : transplantées dans un organe différent de leur organe d’origine elles peuvent se transformer en cellules spécialisées d’un type différent de celui pour lequel elles se trouvaient initialement programmées.
La nature s’est même montrée généreuse car on les trouve aussi dans la moelle osseuse, le sang et le sang du cordon ombilical. On les appelle cellules souches d’organes ou cellules souches adultes (parce que présentes chez l’adulte). Elles constituent dans l’organisme adulte un pool de cellules souches ayant gardé la caractéristique des cellules de l’embryon précoce, à savoir la capacité de donner naissance à tous les types de cellules spécialisées. Leur rôle naturel est la réparation tissulaire. C’est une découverte considérable qui vient bouleverser nos connaissances.
Prolifération contrôlée
Cellules souches embryonnaires et cellules souches adultes, bien que présentant des similitudes, diffèrent cependant sur un point capital : les cellules souches embryonnaires prolifèrent à l’infini, les cellules souches adultes ne manifestent leur capacité de prolifération et de différenciation que lorsque cela est nécessaire au maintien de l’intégrité de l’organisme. Un des mécanismes de contrôle des cellules souches adultes présentes dans le sang a d’ailleurs été mis en évidence : s’il arrive à ces cellules d’amorcer leur différenciation hors de toute nécessité de réparation, elles sont reconnues et détruites par une population spécifique de lymphocytes T pour éviter ainsi la formation de tumeurs. Donc pour la thérapie cellulaire, seules les cellules souches adultes peuvent être utilisées, car l’organisme sait les contrôler.
Cellules embryonnaires
Les cellules souches embryonnaires, en revanche, sont dérivées d’embryons humains précoces mais ne se trouvent pas telles quelles dans l’embryon. Elles résultent de manipulations de laboratoire qui transforment en lignées cellulaires des cellules qui, laissées à leur place dans l’embryon, se seraient développées harmonieusement pour donner naissance à un être humain. Les cellules de ces lignées, que personne ne sait vraiment définir, prolifèrent à l’infini, propriété qu’elles partagent avec les cellules cancéreuses.
Danger : prolifération incontrôlée
Les cellules souches embryonnaires, issues d’embryons surnuméraires ou du clonage thérapeutique, en raison même de leur immaturité, n’ont pas pu acquérir les caractéristiques immunologiques nécessaires à leur régulation. Cette particularité combinée à leur fort potentiel de prolifération les rend dangereuses. Le fait est reconnu. Il est même reconnu par l’un des pionniers de la recherche sur les cellules souches embryonnaires aux USA, le Dr John Gearhart, qui vient de concéder que les cellules souches embryonnaires humaines ne pourront vraisemblablement jamais être utilisées en thérapeutique du fait de leur risque cancérigène