Le Figaro publie une double page sur la science et ses enjeux pour 2007 au regard des événements de 2006.
Le quotidien revient ainsi sur la première greffe partielle de visage, réalisée le 27 novembre 2005 par les équipes du Pr Duvauchelle (Amiens) et du Pr Dubernard (Lyon), sur Isabelle Dinoire, âgée de 38 ans et défigurée par son chien (cf. Synthèse de presse du 01/12/05). "La réussite esthétique d’une telle greffe qui se double d’une restauration des grandes fonctions", aboutira-t-elle à l’autorisation de pratiquer des greffes totales de visage ? En 2004, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), s’était déclaré hostile à ces "greffes de confort" en raison des risques que présentent une telle opération (rejet, traitement immunosuppresseur à vie, difficulté à vivre avec une nouvelle identité) alors que le pronostic vital du patient n’est pas en jeu.
Pourtant, en Grande-Bretagne, le chirurgien Peter Butler a reçu, le 25 octobre 2006, l’accord du comité d’éthique du Royal Free Hospital de Londres où il exerce, pour une greffe totale à partir d’un visage prélevé sur un cadavre.
En attendant, le Pr Lantieri (Créteil), spécialiste de chirurgie reconstructrice, pourra pratiquer cinq greffes partielles dans les trois années à venir. D’autres équipes, dont celles de Peter Butler, de Maria Siemionow (Cleveland Clinic, Ohio) et de John Baker (Louisville), souhaiteraient marcher dans les traces de celles du Pr Duvauchelle et du Pr Dubernard et de l’équipe chinoise de l’hôpital militaire de Xijing, deuxième équipe au monde à avoir réalisé une greffe partielle de visage.
Le Figaro s’interroge aussi sur l’autorisation, avant la révision des lois de bioéthique prévue en 2009, du clonage, "clé de voûte d’une hypothétique médecine régénératrice". Selon Alain Claeys, rapporteur pour l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, il faut autoriser ces recherches sur ce qu’il appelle pudiquement le "transfert nucléaire" afin d’éviter la fuite des cerveaux vers des pays comme le Japon, l’Australie, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne, la Suède, la Belgique et certains états des Etats-Unis où elles sont permises. Le député PS de la Vienne prône aussi un accès facilité aux embryons surnuméraires pour "donner un grand coup d’accélérateur aux recherches sur les cellules souches embryonnaires". Autorisées à titre dérogatoire depuis la loi de 2004, ces recherches sont menées par 10 laboratoires en France depuis 2006.
Outre l’opposition de laïcs et de religieux sur le plan éthique, certains obstacles techniques demeurent face à une éventuelle autorisation du clonage. Aucune lignée de cellules souches embryonnaires n’a été obtenue dans le monde par ce procédé ; l’obtention des ovocytes nécessaires au clonage est difficile et pose la question de la "marchandisation" du corps des femmes.
[Lire en ligne le rapport d’Alain Claeys.]
Le Figaro (Catherine Petitnicolas) 06&07/01/07