Interrogé sur la santé connectée et l’homme augmenté, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale et directeur de l’espace éthique île de France répond qu’ « il y a peut-être d’autres rendez-vous et responsabilités à assumer, plutôt que d’être dans une mystification de ce que sera la médecine ». Pour l’heure, les perspectives offertes par les nouvelles technologies appliquées à la santé humaine restent, pour beaucoup, des « effets d’annonces », alors qu’ « il y a une réalité, ici et maintenant, qu’il faut assumer ».
Sans s’opposer à ces évolutions – « tant mieux si aujourd’hui les technologies nous permettent d’avoir des pratiques médicales plus adaptées à a la situation de chaque personne » -, il rappelle que « la relation de soin reste une relation » : « la technologie ne se substituera pas à la parole du médecin qui annonce la mauvaise nouvelle » par exemple. Il constate aussi que « de multiples problèmes éthiques et démocratiques se posent », en matière d’accessibilité à ces techniques couteuses, et en matière de liberté individuelle liée aux datas. Ces dernières pourraient « être demain discriminatoires ». Or « en matière de réflexion éthique, on se réjouit de la finalité, mais on interroge les conséquences ».
Il appelle donc à « la prudence », à la « retenue », mais aussi au « débat public (…) sur l’accessibilité d’un certain nombre d’évolutions qui modifient, sans parler du transhumanisme, une certaine conception qu’on a de la personne humaine, mais également sur les coûts ».
L’atelier.net (2/05/2016)