Le 10 juin 2010 au Sénat, Roselyne Bachelot a répondu aux questions de sénateurs, lors de la séance de discussion d’une question orale sur la “politique de contraception et d’interruption volontaire de grossesse“, posée par Michèle André. Citant le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l’IVG et la prévention des grossesses non désirées, la sénatrice socialiste Michèle André a interrogé le gouvernement sur les mesures qu’il prévoit pour “lutter contre le taux d’échec important des moyens de contraception ainsi que pour garantir un égal accès à l’interruption volontaire de grossesse sur l’ensemble du territoire“. Les sénateurs Patricia Schillinger, Jacques Mézard, Marie-Thérèse Hermange, Odette Terrade, Gisèle Printz et Maryvonne Blondin ont participé au débat.
Tous se sont prononcés pour le renforcement de l’accès à l’IVG, excepté Marie-Thérèse Hermange qui a rappelé que “l’avortement n’a rien d’anodin pour les femmes“, que “61% des Françaises estiment qu’il y a trop d’avortements dans notre pays“, et que 83% d’entre elles pensent que “l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre“. Elle a également cité un constat de l’Ined selon lequel “la propension à recourir à l’avortement en cas de grossesse non prévue s’est accentuée à mesure que la maîtrise de la fécondité s’améliorait“.
Michèle André a dit partager avec la ministre de la Santé “la conviction que le droit à disposer de son corps, […] celui de choisir ses maternités et d’avoir accès aux soins en matière de santé reproductive, sont constitutifs d’une société démocratique égalitaire“. Elle s’est félicité des “avancées” de la prise en charge de l’IVG, une “conquête [qui] a été le fruit de batailles menées contre les préjugés et contre les conservatismes“. Alors que chaque année “72% des 200 000 IVG pratiquées en France concernent des femmes qui utilisent un moyen de contraception“, elle a constaté que la diffusion massive de la contraception n’a pas eu l’effet escompté. Elle a demandé quels moyens le gouvernement veut prendre pour faciliter l’accès à la contraception, notamment pour les jeunes, et pour renforcer l’éducation sexuelle à l’école. Elle a également déploré les fermetures de centres d’IVG malgré les revalorisations tarifaires Cf. Synthèse de presse du 09/03/10).
Roselyne Bachelot a affirmé que “la loi de 1975 a marqué une étape essentielle dans la vie et l’histoire de notre pays et, comme beaucoup d’entre vous, je salue la lumineuse figure de Simone Veil“. Selon elle, bien que l’avortement soit aujourd’hui “intégré dans une offre de soins globale […] il est encore, malheureusement, entaché d’une connotation négative. On le présente souvent comme un ‘mal nécessaire’, et je dois dire que je ne m’associe pas à cette vision dédaigneuse et culpabilisante“. L’avortement, a-t-elle ajouté, est “un combat militant, que je revendique, en faveur de la liberté et de l’émancipation. Cette action est de celles qui, depuis toujours, me tiennent profondément à cœur“. La ministre de la Santé a dit sa volonté d’ “améliorer l’accès à l’IVG” rappelant sa décision d’augmenter les forfaits IVG de près de 50%.
Le 24 juin 2010, lors de la première séance de session ordinaire à l’Assemblée nationale, Roselyne Bachelot a dit compter sur la direction des hôpitaux de Paris (AP-HP) pour “améliorer l’organisation de ses centres d’orthogénie et garantir l’accessibilité à l’IVG” avant d’ajouter : “j’ai demandé expressément aux directeurs généraux des agences de santé et tout particulièrement au directeur général de l’ARS Ile-de-France de considérer que c’est l’une des actions prioritaires à mener pour améliorer la qualité de l’offre de soins, et ils auront évidemment des comptes extrêmement précis à me rendre sur ce sujet. Je veille personnellement à ce qu’il en soit ainsi, car le premier hôpital français se doit bien sûr d’être exemplaire en la matière“.
Gènéthique 01/07/10