La Croix publie un entretien avec Yvonne Knibiehler. Aujourd’hui âgée de 85 ans, cette historienne animait le mouvement féministe dans les années 70. Elle s’est fait connaître en affirmant haut et fort que la maternité demeurait un enjeu central de l’identité féminine, se dissociant ainsi des courants féministes dominants à l’époque.
“Les féministes allaient à l’extrême pour montrer que la maternité compromettait l’épanouissement du “sujet femme”. Elles ont aidé les femmes à choisir de ne pas être mère, mais pas à penser la maternité autrement qu’en termes d’oppression. Elles ont condamné les mères modernes à accepter toutes les charges. C’est : “sois mère et tais-toi !”. Elles ont également conduit les femmes à gérer toutes seules la contraception, la maternité, la frustration de ne pas avoir d’enfants, ou celle d’en avoir et de faire des compromis sur leur carrière, ou bien de faire élever leurs enfants par d’autres“, déclare cette mère de trois enfants.
Elle appelle à repenser le féminisme “comme un humanisme qui viserait le développement de la personne humaine sans oublier qu’elle est sexuée. Et sans haine de l’autre sexe” : “je ne crois pas qu’on puisse faire s’épanouir les femmes aux dépens des hommes, ce serait dangereux. Il faudrait épanouir les femmes sans abattre le masculin“.
La Croix (Nathalie Lacube) 28&29/04/07